C’était à prévoir, mais sans doute pas aussi rapidement. Les ventes de jeux sur PC, qui ont dépassé il y a peu, en termes de revenus, celles sur consoles, sont réalisées pour l’écrasante majorité en dématérialisé. Les versions « boîte », que nombre de collectionneurs apprécient pourtant tellement, sont vouées à disparaître d’ici peu…
Adieu Monsieur le distributeur. Tu ne nous manqueras pas!
C’est, en quelque sorte, la magie d’internet. Si certains parviennent à tirer profit du réseau des réseaux, en se passant petit à petit de plus en plus des intermédiaires, qui feront bientôt partie d’une autre époque, ces derniers sont, dans bien des domaines sur la sellette. On pense ici plus particulièrement aux boutiques physiques qui vendent des jeux vidéo, et auxquelles il risque bien d’arriver très rapidement le même sort que celles vendant, il n’y a pas si longtemps de cela, de la musique.
DFC Intelligence, qui y va de ses rapports sur l’industrie vidéoludique, souligne divers chiffres intéressants. Tandis que 2014 est une année charnière, pour laquelle les ventes de jeux sur PC sont aux coude à coude avec le marché des consoles (environ 20 milliards $ pour chaque secteur), l’écart devrait se creuser en faveur du monde du PC dès 2015, avec une estimation à hauteur de 25 Mia de dollars US.
Outre cette donne, qui ne surprendra sans doute que ceux qui ne jurent que par leur console de jeu, il est intéressant de relever que la quasi-totalité des ventes sur PC sont réalisées en dématérialisé. Seuls 8% des revenus sont générés par des jeux vendus en format physique! Un chiffre qui à de quoi surprendre, puisque bien que l’on s’y attendait, une adoption aussi rapide du tout dématérialisé est tout de même un bel exploit pour des plates-formes de vente en ligne souvent décriées. Si Steam a souvent les faveurs des joueurs, il n’en est pas vraiment de même pour celles de éditeurs, à l’image de Origin et Uplay…
Avec cette mise au rencard des distributeurs, puisque les éditeurs vendent en direct via le Net, les marges n’en sont que plus intéressantes, tandis que les éditeurs peuvent maintenant parler en « live » à nos portes-monnaies via nos boîtes email. Et mon petit doigt me dit que ce n’est qu’un début. Le même principe, appliqué aux consoles, pourra être encore plus performant. Il est déjà en marche, avec les offres, trailers et autres bêtas qui nous mettent à une pression de joypad de l’achat compulsif ou de la précommande. Il ne reste plus qu’à se demander qui sera le prochain « intermédiaire ou service devenu dispensable » dans cette implacable cash machine qu’est l’industrie vidéoludique. En toute logique, cela risque bien d’être les sites et magazines spécialisés dans le jeu vidéo qui vont encore souffrir: pourquoi les éditeurs continueraient-ils d’y investir via des budgets publicitaires, quand ils peuvent s’adresser directement à leurs clients, avec du contenu taillé sur mesure? Le meilleur des mondes en somme. De la publicité qui deviendra de la communication, de l’éditeur aux joueurs, sans intermédiaire…