Manuel Valls, va-t'il relancer la machine économique française ? ©Philippe Wojazer / Reuters
L’exécutif aborde aujourd’hui une troisième rentrée dans un contexte plombé. Manuel Valls refuse catégoriquement toute réorientation de la politique économique. Un enfermement dans des certitudes qu'il faudra dépasser, rapidement.Déjà deux ans derrière lui, mais seulement deux ans devant lui. Pour François Hollande qui retrouve aujourd’hui son gouvernement au complet avec le conseil des ministres de rentrée, le décompte du temps s’est inversé. Dans un quinquennat, la dernière rentrée (2016 en l’occurrence) est une entrée en campagne électorale et donc n’est plus un temps pour l’action et la réforme.Deux années utiles donc. Mais sont-elles utilisables ? Pour résumer la situation, François Hollande lance une marche "vaillante" vers 2016 avec le boulet de la croissance zéro attaché au pied, une cote d’impopularité record (85 % de la population ne croit pas à l’impact des réformes), la défiance d’une partie de la majorité et le mur européen de l’intransigeance budgétaire dressé devant lui par Berlin.
À un tel niveau de rejet dans l’opinion, le gouvernement n’est plus sûr d’être entendu par les Français quoi qu’il décide. Dans le discours, la modestie et l’effort ont succédé aux annonces déterminées sur l’inversion de la courbe du chômage et le retour de la reprise. "Où sont passées les promesses du candidat de gauche sur le Smic, la fusion CSG-Impôt sur le revenu ?" interroge le député de l’aile gauche du PS Laurent Baumel. Le frondeur incarne une autre interrogation : "le gouvernement va-t’il garder une majorité pour agir ?" L’ex ministre écologiste Cécile Duflot, quant à elle, sort un livre vitriolé sur ses années au gouvernement confirmant que les Verts ont basculé de la critique à l’opposition : "Je me suis épuisée à réclamer une politique de gauche. Elle n’est pas venue". Les écolos rejoignent un front de gauche qui n’a jamais appartenu à la majorité. Les radicaux de gauche, rendus furieux par la réforme territoriale et les négociations des sénatoriales ne sont plus l’allié obligé. Ces partenaires de feu la gauche plurielle ne sont pas en grande forme mais leur retrait expose davantage le gouvernement aux ripostes de sa base socialiste.Contrariée par la fusion du Nord avec la Picardie et par l’éloignement de ses proches du pouvoir, Martine Aubry lâche des piques. La réforme des rythmes scolaires a braqué les maires, la réforme territoriale crispe les piliers des conseils généraux et aussi des présidents de régions, agacés par les remarques sur leur âge venues du PS, perçues comme des incitations à passer la main en 2015.Enfin, la mince majorité deviendrait ingérable si le ministre de l’Économie Arnaud Montebourg brisait le pacte avec Manuel Valls.
Retraite, "mariage pour tous", défense, sécurité sont oubliés, avec comme projet du pays un programme solide de relance économique. Dans le pacte de responsabilité -avec ses allégements de charges, ses économies budgétaires et ses contreparties sur l’emploi- l’exécutif peut greffer des mesures. Pour répondre à des urgences sur la construction, dangereusement en panne, ou aux demandes des entreprises comme le relèvement des seuils sociaux (CE, allégements). A la grande réforme de l’impôt promise par Jean-Marc Ayrault après le ras-le-bol fiscal de 2013, se substituent des corrections, surtout en direction des ménages moyens et/ou modestes.Suffisant pour relancer la machine et restaurer la confiance ? Pas sûr…FG