La tentation barbare de Pierre JB Benichou 4/5 (14-07-2014)
La tentation barbare (348 pages) est sorti le 13 mars 2014 aux Editions Kero.
L’histoire (éditeur) :
Après une nuit agitée, Max se réveille en sursaut. Il découvre avec effroi qu’elle est là, au bord de son lit, à l’observer.
Fuyant une carrière plutôt médiocre de nègre littéraire et un mariage raté, il est venu tenter sa chance à New York. Il a vite retrouvé l’amour dans les bras de la belle et rousse Maureen et a accepté dans le plus grand secret d’écrire le nouveau roman d’Émilie Roubaix, l’auteure la plus en vogue du moment.
Mais les cauchemars qu’il pensait avoir laissés de l’autre côté de l’Atlantique l’assaillent de nouveau. Et ce qu’il redoutait le plus est arrivé : la petite est revenue. Qui est donc cette jeune fille, muette, qui hante ses nuits ? Son retour serait-il lié au nouveau roman qu’il écrit ?
Pour le découvrir, Max va devoir chercher dans ses souvenirs et affronter son passé.
Mon avis :
Maximilien Perrault, dit max, est un nègre littéraire (ou plus joliment dit « un coauteur confidentiel ») atteint de somnambulisme, d’insomnie et de perte de mémoire. Ses nuits sont peuplées de rêves étranges dans lesquels une jeune fille vient le hanter. Largué depuis six mois par se femme Valérie, il choisit de quitter la France pour s’installer à New York, y changer de vie et peut être aussi renouer avec son passé. Sur place, il trouve un joli logement et fait la rencontre de Maureen, une belle rousse aux grands yeux bleus, avec qui il commence une histoire intenses mais sans véritables attaches, tant qu’il ne fera pas ce qu’il faut pour se soigner et régler ses comptes avec lui-même. Appelé par son agent français, il décide (un peu à contre cœur) d’accepter un nouveau travail : écrire pour Emilie Roubaix, l’Auteure du moment, celle qui a déjà écrit six romans (et dont la plume est considérée comme miraculeuse par la critique) mais qui voit arriver la panne sèche pour son septième, alors que l’idée de ce nouveau titre est déjà toute trouvée. Sous des nouvelles consignes bien précises, Max se lance dans le travail à la place de l’auteure qui, depuis la sortie de son premier texte, a réussi a garder l’anonymat.
A Paris, Olivia Noland, journaliste pour un magazine féminin, connaît une période difficile aussi bien dans son boulot que dans sa vie privée (divorcée de Jean-Marc, elle fait des découvertes sidérantes à son sujet et éprouve quelques difficultés à mener sa vie de maman au mieux sans trop culpabiliser). Elle choisit, contre toute attente, de tenter de démasquer LA Emilie Roubaix, pour en faire un papier, LE papier. Ses recherches la mènent par le plus grand des hasards à croiser la route de Max…
Pierre JB Benichou arrive dès le début à accrocher le lecteur en attribuant une personnalité attachante à ses protagonistes et en mêlant une bonne touche de mystère à son intrigue. Max est vraiment ce que qu’on peut appeler un personnage torturé et qui cache (sans trop le savoir) de douloureux secrets de famille. Pourquoi choisir de s’exiler aux USA ? Est-ce que la lettre de sa mère disparue (au sens propre du terme) quand il avait 15 ans a quelque chose à voir avec ce choix ? Voilà quelques questions qui accompagnent la lecture. Quand l’auteur arrive à confronter Max à Olivia, il apporte en plus une bonne dose de spontanéité et de piment très appréciables. Suivre ces deux personnages en alternance donne du rythme à l’intrigue qui commence doucement mais qui ne manque à aucun moment d’intérêt, tant elle est intrigante.
La quatrième de couverture laisse entendre une touche de surnaturel et d’angoisse. Je ne suis pas d’accord et préfère mettre en garde. La tentation barbare est avant tout une quête identitaire, un roman qui m’a beaucoup fait penser au dernier Levy (bien que l’histoire soit différente) y compris dans le style (et c’est loin d’être une critique). C’est vraiment un roman passionnant et le manque d’angoisse s’oublie très vite, car on lui trouve d’autres qualités qui compensent largement cette promesse. Le style est accrocheur et coulant, et l’histoire vraiment très plaisante à lire.
Même si on voit venir un élément important de l’histoire, elle n’en perd pas pour autant son charme. J’ai pris un grand plaisir à suivre Max et Olivia (que j’ai trouvé justes et actuels) et les personnages qui les entourent. De plus, l’auteur réussit à ne jamais lasser, il développe autant que nécessaire les protagonistes, joue avec eux pour susciter toujours plus la curiosité, et amène à faire réfléchir sur la souffrance psychologique lié à la perte.
La tentation barbare est au final une belle histoire qui commence de manière sombre mais qui réserve quelques surprises. Son scénario est bien mené et joliment écrit. A découvrir donc !