Au départ il y a la surface, les formes simples et les couleurs unies qui l’habillent. C’est à ce niveau déjà de l’oeuvre, qu’Anna-Eva Bergman fait affleurer le sens. Abstrait pour certains, figuratif pour d’autres, on y découvre surtout des impressions qui émanent de ces toiles. Ces émotions esthétiques naissent chez le spectateur, qui suit les lignes pures, les matières et matériaux bien souvent surprenant. Aplats de couleurs et feuilles de métal se cotoient. Elles font naître des paysages étranges, épurés et minimalistes, où les montagnes se mêlent à la mer.
Anna-Eva Bergman, Paysage de Montagne, 1981Il s’agit des images de Norvège que l’artiste nous livre, des souvenirs de son pays natal. C’est cette essence précieuse qu’elle nous livre à travers un travail où la pureté des formes et du message est remarquable. Attentive à la lumière, elle la perçoit comme faisant naitre des strates, des couches, qui font naitre la perspective. Elle affectionne d’autant plus la lumière de la Norvège.
C’est aussi ce qu’on perçoit dans une appréciation esthétique indescriptible, lorsqu’on observe ses toiles. Dans la galerie, elles sont apaisantes et forment comme un décor paisible.
Loin d’avoir connu la reconnaissance qu’elle méritait, l’artiste a été plutôt connu pour être la femme de Hans Hartung. En 1977, pourtant le Musée d’Art moderne de la ville de Paris, lui consacre une rétrospective.
Ici Jérôme Poggi fait le choix de présenter des travaux tardifs de l’artiste, pour en révéler la « fraicheur ». C’est ce que l’on ressent à de nombreux titres.
Et dans l’uniformisation des surfaces, dans le travail des matériaux, Anna-Eva Bergman transforme une toile classique en un miroir aux faux airs orientaux, et on se surprend à observer cette surface comme pour l’interroger. Sans voir son image, juste en percevant les aspérités de la matière.
A voir :
Anna-Eva Bergman
Jusqu’au 23 août
à la Galerie Jerôme Poggi
2, rue Beaubourg, 75004