Si la profession reste majoritairement féminine, écrivent les auteurs, c’est aussi parce que la femme est naturellement associée et encline à la bienveillance, à l’altruisme, à la protection. Ainsi, le désir d’aider les autres est donc souvent une motivation essentielle pour choisir la profession. Pourtant, les infirmières un peu moins habitées par cet altruisme et qui trouvent un intérêt réel à leur exercice professionnel même et/ou au mode de vie qu’il implique, sont aussi celles qui sont les plus heureuses dans leur métier.
Un certain recul affectif est plutôt propice : Ces femmes sociologues et psychologues de l’Université d’Akron ont mené une enquête auprès de 700 infirmières et infirmiers (Ohio). Les résultats montrent que l’intérêt professionnel et un certain recul vis-à-vis de l’autre, se traduit par moins d’épuisement professionnel, une amélioration de la santé personnelle et un niveau d’engagement élevé au travail. L’analyse montre également une différence majeure avec certaines autres professions. Dans de nombreux métiers, l’employeur ne se soucie pas de l’intérêt de l’employé dans ce qu’il fait, pourvu que le résultat soit là. En matière de soins, les établissements se soucient peut-être trop de cette motivation à aider ou à soigner, et pas suffisamment des compétences plus techniques.
Modifier cette hypothèse culturelle permettrait d’attirer un plus grand nombre d’hommes dans la profession, et peut-être de « la valoriser pour d’autres raisons ». Ainsi, l’enquête montre aussi que les infirmières qui sont motivées par le mode de vie lié à la profession, dont la capacité d’interagir avec les patients, sont plus heureuses dans leur travail et restent plus longtemps dans l’établissement.
D’autres études doivent être menées sur l’association entre les différentes motivations et l’épanouissement sur un échantillon plus large d’infirmières.
Source: American Sociological Association Motivation and Care Dimensions in Caring Labor: Implications for Nurses’ Well-Being and Employment Outcomes