La communication intégrée : Le développement de dispositifs de communication 360° conduit les annonceurs à repenser leur organisation. À l'exemple de Coca-Cola France, Axe et Biotherm.
Publié le 02 mai 2008 par Levidepoches
http://www.adk.jp/english/html/img/img_360.gif
Avis
aux noctambules : Coca-Cola France recherche un «Experiential Manager
» pour prendre en charge ses actions à destination des jeunes dans
l'univers de la nuit. « Experiental Manager » : la dénomination peut
paraître farfelue, mais elle n'en est pas moins symptomatique du virage
pris par la communication. La vague du 360° et du marketing de
l'expérience est passée par là. Pour une marque culte comme Coca-Cola,
la création d'une telle fonction répond à l'impératif de renouer le
contact avec un cœur de cible qui a moins de trente ans. Le géant des
sodas a bien compris que pour rester dans le coup, il fallait aller
chercher les consommateurs là où ils évoluent pour les observer et
comprendre leurs motivations.
« Avec Nike, Coca-Cola est l'une
des marques pionnières dans ce que l'on appelle l'IMC, pour "
Integrated Marketing Communication " », explique Nicolas Bard,
directeur associé de Né Kid, agence-conseil en stratégie de marques,
filiale française du britannique Naked, qui prône de nouvelles
approches en communication. « Ce sont des entreprises qui ont compris
que la vraie intégration ne consiste pas à additionner les contacts -
ce que promet la communication à 360°- mais à penser en termes de lien.
»
Nike a entamé sa mue dès 2002, pour la Coupe du monde de
football, avec sa campagne « Secret Tournament » dont le spot TV (un
tournoi dans la cale d'un navire avec Cantona en arbitre et Ronaldo ou
Henry sur le terrain, largement diffusé sur Internet) a marqué la
naissance d'un « advertainment » moderne, propre à générer du
bouche-à-oreille et à s'immiscer dans les conversations des
consommateurs.
Coca-Cola lui a emboîté le pas début 2006 avec sa
nouvelle plate-forme de marque « Taste The Coke Side of Life » («
Prenez la vie côté Coca-Cola »). Allant au bout de la démarche,
l'entreprise a alors créé une nouvelle fonction : « Integrated
Marketing Communication Director ». L'objectif était de changer son
approche du marché. Deux autres métiers ont été inventés : « Insight
Manager », qui correspond à un poste de responsable d'études appliqué
aux comportements médiatiques et d'achat des consommateurs, et «
Consumer Passion Manager », responsable des partenariats chargé de
définir les contenus et programmes développés par Coca-Cola dans les
univers du sport, de la musique ou du cinéma.
« Pour toucher au
mieux les consommateurs, nous nous sommes rendu compte qu'il fallait
faire évoluer notre approche par média vers une stratégie de points de
contact, souligne Michel Gotlib, directeur de la communication
marketing et, depuis deux ans et demi, « IMC Director » de Coca-Cola
France. Cette prise de conscience nous a conduits à recruter des
spécialistes du sport, d'anciens de maisons de disques ou de la
production, qui arrivent avec une culture différente et vont "
cross-fertiliser " notre organisation avec des méthodes différentes. »
Pour
les marques, surtout celles s'adressant aux jeunes, l'enjeu repose sur
la capacité à utiliser les nouveaux modes de conversation avec les
consommateurs et donc à trouver, en amont, l'organisation la plus
adéquate pour irriguer en interne cette nouvelle culture des points de
contact. Coca-Cola a créé une équipe de cinq personnes spécialisées en
« brand experience management » (gestion de l'expérience de marque). «
Nous les encourageons à développer leurs compétences techniques tout en
travaillant sur divers sujets pour plusieurs marques de notre
portefeuille, explique Michel Gotlib. L'efficacité de nos campagnes
dépend de la qualité de ces synergies. »
Cohérence sur tous les supports
Ces
stratégies de connexion commencent à inspirer d'autres marques de la
grande consommation qui aspirent à intégrer le club des marques cultes.
« Au moment où les frontières entre la publicité et le divertissement
s'effacent, où Internet devient le pivot central de notre
communication, on doit intégrer certains savoir-faire, indique par
exemple Ali Kashani, « Brand Manager » d'Axe (Unilever). L'organigramme
par marque reste classique, mais à côté du marketing stratégique
apparaissent deux chantiers sur lesquels nous avanceons avec nos
agences : celui de la création de contenus et celui de la
médiatisation. » D'ailleurs, les agences mettent en place des
organisations similaires et recrutent des profils adaptés.
Pour
ses lancements de gammes, Axe centre désormais ses campagnes autour
d'un site Web de divertissement et met dans la boucle plusieurs agences
qui alimentent le flux des contenus à tous les points de contact (pub
TV, vidéos en ligne, PLV, marketing de rue). Pour la médiatisation, aux
experts habituels (agences médias) ont été adjoints un spécialiste des
partenariats et une équipe au sein de l'agence de RP pour infiltrer la
blogosphère. « Cette évolution de fond nous conduit, nous annonceurs, à
prendre une part plus active dans l'élaboration d'une ligne éditoriale
», poursuit Ali Kashani. Toujours chez Unilever, Dove a pris le même
virage.
La démarche est la même chez Tahiti (Colgate),
Wilkinson, Bouygues Telecom ou encore Biotherm. La marque, qui
appartient au pôle luxe de L'Oréal, est en train de faire évoluer son
organisation pour gagner en cohérence sur tous ses supports. Hier très
segmentées, les expertises (relation client, Internet, animation,
merchandising) sont désormais fédérées et repositionnées à parité avec
la direction du marketing produit. « Le but est de mieux considérer
tout l'environnement en distribution », explique Karim Keita, directeur
marketing « retail international ». Pour ce spécialiste du branding
passé par Desgrippes Gobé et Lonsdale, « en déplaçant le curseur du
produit vers l'expérience d'achat, on ne fait que replacer le
consommateur au cœur du processus de commercialisation. »
Alexandre Debouté de stratégies