Un beau jour, Nostradamus a prédit à Catherine de Medicis que trois de ses enfants deviendraient Rois de France. Fruit du hasard, ou du destin, à la mort ridicule d’Henri II, François II va régner, puis il meurt, et Charles IX règne. Puis il meurt, alors Henri III monte sur le trône en 1574, il a 24 ans. Le contexte du royaume à l’époque… Comment dire.. ? « VIENS ON ARRACHE LA TÊTE DE TOUS CES FDP DE PROTESTANTS » « AH NON EN FAIT ON LES AIME BIEN » « AH NON, QU’ON LEUR COUPE LES COUI….TÊTES ! » J’aime autant vous dire que c’est pas funky. Encore moins pour les protestants…
Lorsque Henri III devient Roi, il prend bien soin de s’entourer correctement. Il choisit des jeunes garçons de confiance. Enfin, en théorie. Ce sont des serviteurs qui en somme, s’engagent à décapiter tout ce qui peut se mettre sur le chemin du Roi. Ce sont des favoris qui sont appelés les mignons. Oui, comme les « minions » dans Moi, Moche et Méchant, ils sont là pour servir sauf qu’ils ne sont pas jaunes et qu’ils parlent correctement (c’est un avantage certain).
Devenir un Mignon
Les mignons n’ont pas été sélectionnés au hasard, non.
Le premier groupe de mignons se compose de personnes un peu plus âgées que le Roi, il s’agit des mentors de la jeunesse d’Henri III : René de Villequier, Louis de Bérenger, sieur du Guast, ou encore Roger Ier de Bellegarde. Petit à petit, ils vont se faire assassiner, ou mourir.
Le deuxième groupe se compose de mecs qui ont le même âge et Henri III les connaît puisqu’ils ont combattu ensemble dans de nombreuses aventures militaires. Notamment en Pologne. C’est le cas de : Entraguet, Caylus, Maugiron, Saint-Mégrin, Livarot, Saint-Sulpice, d’O, Saint-Luc, Schombreg ou encore Souvré, Gramont et Dinteville.
Tous ensemble ils ont rencontré le futur Roi entre 1569 et 1573, alors qu’il fout le bordel dans tout l’ouest du royaume, notamment lors du siège de La Rochelle « QU’ON LEUR COUPE LA TÊTE ». Les protestants, toujours.
Enfin, les derniers, Anne de Joyeuse et Jean-Louis Nogaret de La Valette sont les deux préférés du Roi, rapidement ils montent en grade et deviennent ducs de Joyeuse et d’Epernon en 1581. Ils vont également être nommés premiers gentilshommes de la chambre du Roi.
Tout le monde les jalouse.
Être un Mignon
Être mignon, c’est pas seulement accompagner le Roi et lui dire qu’il est super sympa. Être mignon c’est savoir utiliser son épée en cas de problème. Lorsqu’il n’y a pas de problème, ils se retrouvent tous au Louvre, ripaillent avec Henri III, parlent spiritualité et art, jouent au bilboquet et… Et on les accuse d’homosexualité ! C’est vrai quoi, les mecs ils passent leur journée à regarder le Roi essayer sa nouvelle fraise, à choisir ses boucles d’oreilles, jamais ils ne vont à la chasse ou ne font la bagarre. Ce ne sont pas des vrais bonshommes quoi. (C’est une blague, on est d’accord, hein ?).
Il y a alors des centaines de pamphlets, et certains trucs sont assez drôles : Le nom de Caylus est toujours écrit « Culus » (le cul), et celui de Saint-Luc « Cats in cul ». En fait, cats ça vient de l’italien cazzo qui désigne le membre viril. La bite quoi. Je vous fais pas de dessin (par contre, Penny, oui !) « Cats in cul ».
En 1580, l’ambassadeur de Savoir, René de Luncinge n’hésite pas à affirmer que le cabinet du roi est un « vrai sérail de toute lubricité et paillardise, une école de sodomie ».
On dit du roi « qu’il ne fust masle ny femelle et ne fust bien en cervelle ».
C’est on ne peut plus clair et limpide.
Et en vrai ?
Aujourd’hui, on peut en être sûr, OK, Riri a eu quelques relations homosexuelles, OK. Mais c’est quand même principalement un homme à femmes. Il semble aimer son épouse Louise de Lorraine, et ses nombreuses maîtresses : Véronica Franci, Louise de Rouet, Renée de Chateauneuf, Mlle de la Mirandole…
Les Mignons ne passaient pas leur temps à boire le café avec Riri, ils étaient envoyés auprès des princes pour leur foutre la pression lorsqu’ils commençaient à s’éloigner du roi ou de sa politique (religieuse). Évidemment, ça va leur coûter la vie. Saint-Sulpice est poignardé au château de Blois, après un bal. En 1578, Entraguet, Schomberg et Ribérac vont affronter en duel Caylus, Maugiron et Livarot… Seuls Entraguet et Livarot vont s’en sortir. Bim, quatre mignons d’un coup. Malins les gars, il est où l’esprit de groupe ?
Si les Mignons ont pu de temps en temps se laisser aller à quelques coïts (on ne sait pas, mais on sait un peu quand même) ou duels sauvages entre eux, ils ont eu véritablement un rôle politique et social.
Issus de la seconde noblesse, les Mignons ont permis au Roi de fidéliser une partie de la noblesse qui se sentait délaissée, car trop éloignée de la cour et du pouvoir et ainsi s’assurer un soutien sans faille en cas de crise. Mais bon, il dérange la noblesse et les héritiers de lignages puissants. Et il va être assassiné le Henri III.
Finalement, c’est ce qu’on reproche le plus au Roi. Vouloir changer l’ordre social. Manquerait plus que toute la population ait les mêmes droits… N’importe quoi.
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On remercie Penny pour ses illustrations,et on va voir son blog, sa page facebook.
- Henri II trop bourré au mariage de sa famille ? (RMLH)
- « T’aurais pu m’en parler gros bolosse » Les -presque- derniers mots d’Henri II à Nostradamus (RMLH)
- Pour en savoir plus, rendez-vous sur Gallica :
- Les mignons du Roi (pour piano)
- Paris et la ligue sous le règne de Henri III
- Le vrai et ancien usage des duels : exemple de celui d’Entraget, Schomberg et Ribérac contre Caylus, Maugiron, Livarot
- Tableau des noces du duc de Joyeuse avec Marguerite de Lorraine-Vaudémont, sœur de la Reine le 24 septembre 1581.