Un fakir Indien, Ajatashatru Lavash Patel (« Prononcez J’attache ta charrue, la vache »), débarque à Roissy-Charles de Gaulle et s’enquiert immédiatement d’un magasin Ikea car il est venu en France pour un voyage express, dans le seul but d’acheter un lit à clous Kisifrötsipik, repéré en promotion dans le catalogue de la célèbre enseigne n’ayant malheureusement pas de magasins en Inde. A peine débarqué, vont s’enchaîner à un rythme soutenu les péripéties les plus farfelues, entrainant notre fakir dans un périple passant de la France à la Grande-Bretagne, puis l’Espagne, l’Italie et même la Lybie !
Notre fakir fera des rencontres édifiantes, - des clandestins africains, un chauffeur de taxi gitan qui le poursuivra tout au long du roman avec de bien mauvaises intentions -, autant qu’improbables avec une Sophie Morceaux, célèbre actrice, qui donnera le coup de pouce salvateur à son destin. Le fakir, petit escroc, sortira enrichi – dans tous les sens du terme – de son aventure et se vouera désormais « à donner de l’espoir, ne fût-ce que par respect pour ces belles personnes qu’il avait croisées ».
Comme vous vous en doutiez déjà à la lecture du titre de l’ouvrage, il s’agit d’un roman bien barjot à l’humour pas toujours très fin. Pour lui donner un peu d’épaisseur, l’auteur tisse en filigrane une basique mais sympathique réflexion sur les difficiles conditions de vie des migrants clandestins ; ça ne va pas loin au niveau du constat mais ça ne fait pas de mal non plus.
Dans une interview donnée à Libération, l’auteur déclarait, «Ecrire un livre ne m’a jamais pris plus de quelques semaines.» On s’en serait douté ! Cette petite vacherie mise à part, le bouquin est sympathique, souriant et se lit extrêmement vite et bien. Ne boudons pas ce petit plaisir.
« L’homme raconta alors qu’il était venu en France avec l’intention d’acheter le tout dernier lit à clous qui venait de sortir sur le marché. Un matelas à clous, c’était un peu comme un matelas à ressorts. Au bout d’un certain temps, ça se tassait. En l’occurrence, la pointe des clous s’émoussait et il fallait en changer. Bien sûr, il omit de dire qu’il n’avait pas un sou et que les habitants de son village natal, persuadés de ses pouvoirs magiques, avaient financé son voyage (en choisissant la destination la moins chère sur un moteur de recherche d’Internet, en l’occurrence Paris) pour que le pauvre homme soigne ses rhumatismes en s’achetant un nouveau lit. C’était une espèce de pèlerinage. Ikea, c’était un peu sa grotte de Lourdes à lui. »