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Melgar

Publié le 16 août 2014 par Ancre_de_chine
Melgar
 Après "La Forteresse" et "Vol spécial", Fernand Melgar est revenu cet été à Locarno pour présenter "L'Abri".

Au cœur de ces films, auxquels on peut ajouter d'autres documentaires, il y a un homme passionnant et dont l’histoire est elle aussi, une histoire suisse. Et andalouse. L’histoire d’un enfant de saisonniers espagnols, né à Tanger, clandestin et caché, les premiers mois à Renens, près de Lausanne. Un enfant qui va devenir un cinéaste et un Suisse, fier de la Constitution fédérale, inquiet de ce qui se passe quand on se met à chercher les moutons noirs. Signe de notoriété, on le trouve sur Wikipédia : "Fernand Melgar, né en 1961. D'origine espagnole, il vit à Lausanne depuis 1963. Il a effectué sa formation en autodidacte. Depuis 1985, il est réalisateur et producteur indépendant. En 2006, il a reçu le prestigieux Prix du Cinéma Suisse, meilleur documentaire, et le Golden Link Award, meilleure coproduction européenne, de l'UER pour « EXIT, le droit de mourir ». En 2011, son film, Vol Spécial a fait l'objet d'une polémique initiée au Festival de Locarno par le président du jury cette année-là, Paulo Branco. Celui-ci juge que « le film s'accompagne d'un fascisme ordinaire trop courant dans notre société, celui-là même qu'il prétend dénoncer ». La neutralité du traitement du sujet par le cinéaste est largement défendue dans la presse suisse et française, comme en en atteste l'analyse de Jacques Mandelbaum : « Loin d'affaiblir le film, cette absence de stigmatisation des exécutants rend sensible aux spectateurs la banalité du mal, telle que la démocratie est aussi capable de la mandater ».
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Fernand Melgar, à la radio, à la télé, en live à Locarno, sonne vrai, sincère, concerné. Dans ses films, sa caméra observe les situations, de manière aussi neutre que possible - mais peut-on avoir un regard vraiment neutre? est-ce que les protagonistes peuvent, eux, oublier l’œil de la caméra? - gros plans sur des visages perdus, fâchés ou soulagés.
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Il ne lâche pas, Fernand Melgar. Dans "La Forteresse", il a filmé des femmes, des hommes et des enfants, Roms, Togolais, Géorgiens, Kosovars ou Colombiens, qui affluent aux portes de la Suisse, ayant fui la guerre, la dictature, les persécutions ou les déséquilibres climatiques et économiques et qui sont dirigés vers l’un des cinq Centres d’enregistrement et de procédure. Dans un lieu de transit austère, soumis à un régime de semi-détention et à une oisiveté forcée, les requérants attendent que la Confédération décide de leur sort. Il a filmé les hommes et les femmes, d’origines diverses eux aussi, qui gèrent l’accueil des requérants et leur séjour.

Avec "Vol spécial", il est allé à la rencontre des hommes, ceux qui doivent partir, ceux qui les gardent et ceux qui les emmènent. Un film qui a mis mal à l’aise cette Suisse qui a voté à une immense majorité les mesures de contraintes et la possibilité de détenir jusqu’à 24 mois, ceux qui refusent de partir. Un film qui a fait exploser certains, qualifiant de fasciste l’approche de Fernand Melgar.

Il ne s'est pas laissé démonter, il a remis son ouvrage sur le métier, il a abordé un autre aspect du problème dans ce troisième volet, "L'Abri" qui se résume ainsi : "Un hiver au cœur d’un hébergement d’urgence pour sans-abris à Lausanne. À la porte de ce souterrain méconnu se déroule chaque soir le même rituel d’entrée dramatique qui donne lieu à des bousculades parfois violentes. Les veilleurs ont la lourde tâche de « trier les pauvres »: femmes et enfants d’abord, hommes ensuite. Alors que la capacité totale de l’abri est de 100 places, seuls 50 « élus » seront admis à l’intérieur et auront droit à un repas chaud et un lit. Les autres savent que la nuit va être longue."

J'ai utilisé "La Forteresse" dans certains de mes cours quand il est sorti, je n'ai pas vu "Vol spécial", il y aura du rattrapage à faire. J'ai été touchée et mal à l'aise - comment ne pas l'être - en regardant "L'Abri". Qu'avons-nous à proposer alors que la planète ne cesse de gronder et que l'hiver approche à nouveau ? Est-ce normal que dans ce pays où, peu avant la projection de Locarno, la Banque nationale suisse a annoncé un bénéfice de 16.1 milliards de francs au 1er semestre 2014, on ne trouve pas de solution pour aider les moins nantis? OK, je sais que dans mon pays, les étrangers n'ont pas la cote, que tous les maux nous viennent d'eux. De quels maux parle-t-on au juste ? Et allez, le .1 milliard pourrait déjà arranger l'affaire, à défaut de tout régler ! 
Laissons le dernier mot à Fernand Melgar :


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