Comment j'en suis venue à courir un trail "roulant"... l'IKALANA Trail

Par Fanny (trail&co)
Roulant, technique, montagneux, alpin, vallonné,... tout autant de termes qu'il y a de trails différents. C'est aussi pour ça qu'il est difficile de comparer ses chronos d'une course à l'autre. Vous avez déjà essayé de vous donner un objectif de temps sur une course en fonction d'autres courses de même distance, mais sans succès ? Même le dénivelé ne veut pas dire grand chose, un coup de cul bien pentu et technique où l'on marche et une longue ascension régulière et roulante ne donneront pas les mêmes résultats. Bien sur, il y a aussi l'entraînement...
Je m'entraîne sur des terrains roulants ? Alors il ne faut pas m'attendre à faire des performances sur des terrains techniques. L'inverse est vrai aussi.
Mais alors que faire ? Devrait-on se focaliser sur un type de terrain ? Avant je pensais qu'effectivement, autant se lancer sur les courses qui nous correspondent le plus. J'étais une randonneuse avant de devenir une "traileuse" il y a deux ans. En gros ça veut dire que je ne cours pas vite, mais qu'une vingtaine de bornes avec du dénivelé ne me fait pas peur. Je ne faisais donc ni course sur route, ni trail roulant, en me disant que je n'étais de toute façon pas une "coureuse" et que ce genre de course n'était pas fait pour moi.
Mais voilà que maintenant je pense différemment. Je pense que pour progresser, il faut se mettre dans le dur, se "rentrer dans le lard" comme on dit (j'en ai à revendre du lard en plus !^^).
On ne progresse pas en travaillant nos points forts, mais au contraire en tentant de rendre nos points faibles moins faibles !
Typiquement, un "coureur" qui vient de la route devra travailler les côtes et les terrains techniques, alors que pour nous les "randonneurs" nous avons souvent de bonnes réactions vis à vis des terrains techniques, ce qui nous fait peur, faut bien le dire, ce sont plutôt les portions roulantes !
Après mon "année blanche" l'année dernière suite à mes problèmes de genou, j'ai repris doucement avec des plans d'entraînement, d'abord ciblés sur de la préparation physique générale (renforcement musculaire, endurance fondamentale, vélo), puis j'y ai intégré petit à petit du fractionné. 
Très sincèrement, je me souviens que mon papa me faisait faire quelques séries de 30/30 quand j'étais ado, mais à part ça, je n'en ai quasiment jamais fait, même en 2012 quand j'ai commencé le trail.
Je croyait que c'était trop dur pour moi... et c'était un peu du chinois tous ces termes scientifiques (VO2max, VMA courte/longue, seuil,...). Je me suis finalement documentée (vive internet !), et forcée de constater qu'une à deux séances de fractionné me faisaient tenir une vitesse un peu plus élevée un peu plus longtemps. Pour reprendre, j'ai fait des petites courses comme le 5km de Pignan ou la ronde de Gajan (7,5km) où je ne me suis pas trop mal classée. Même si je recommence à m'orienter vers des trails, je n'ai encore pas ré-attaquer de préparation spécifique (comme le travail en côte par exemple). Cet été j'ai suivi un cycle de développement de ma VMA, très (trop ?) difficile à tenir en réalité, mais de ce que j'ai pu faire je pense que les résultats sont plutôt positifs.
Se rentrer dans le lard ai-je dit ? Ok, alors je me lance, je m'inscris sur l'Ikalana Trail, réputé très roulant et peu technique.
Voilà comment je me suis retrouvée à faire un trail "roulant", avec peu de dénivelé, moi qui préfère les terrains un peu plus montagneux. De toute façon qu'est ce que je risque ? Je ne suis pas une adepte des podiums, donc pas de risque de se ridiculiser. Ça ne peut être que bénéfique pour moi, et vérifier que j'aie bien travaillé cet été quoi !
Villefranche-de-Panat, 8h30, météo capricieuse avec une légère bruine et un ciel bien couvert.
Nous voilà sur la ligne de départ, environ 200 coureurs annoncés, peu de femmes. Un petit bisou à Yannick qui est prêt à partir lui aussi, et hop le coup de feu est donné et le chrono lancé. Ça part très vite devant, Yannick aussi d'ailleurs, mais de mon côté je reste sur la réserve et en général ça fonctionne plutôt bien. Une première bosse entre le 3ème et 4ème km, assez régulière, qui permet de se placer petit à petit. Avec la météo "humide", les chemins sont plutôt boueux mais pour le moment ça court assez bien.
Au 5ème kilomètre on attaque le "gros" du dénivelé avec 350mD+ sur 5km. Une montée régulière, certes, mais qu'est ce que j'en bave ! Il est grand temps que j'intègre du travail en côtes dans mon entraînement... Là clairement je suis dans le dur !
Au 10ème km, on entame un replat puis une descente très roulante. Là par contre je suis hyper à l'aise, j'allonge et augmente ma vitesse sans trop de peine, voilà qui est assez nouveau pour moi !

On enchaîne sur un petit sentier technique, qui me donne bien du pep's, je grappille 3 places au passage. Jusqu'au km16, malgré un terrain humide c'est plutôt roulant, je commence à fatiguer mais je tiens bon et je suis encore à peu près dans les temps. Au 17ème kilomètre ça commence à être plus difficile, le paysage un peu plus monotome, et le terrain beaucoup plus gras, boueux, jonché d'immenses flaques d'eau. Je repense à tous ceux qui m'ont dit que cette course était roulante... ils ne l'ont clairement jamais faite sous la pluie !! Les pieds trempés, alourdis de gros amas de boue bien collante, les pas se font plus saccadés (une vraie patinoire), plus rapprochés, et le souffle plus court.
Le début du calvaire... un vrai terrain de cross-country qui dure, qui dure, qui duuuuure. Les km passent lentement, les muscles se raidissent et mon genou réclame une pause.
Je n'aurais jamais autant souffrir autant sur cette course. Moralement et physiquement, je lâche complètement au 18ème kilomètre en essayant juste de maintenir un petit rythme pour en finir le plus tôt possible. La boue m'aura vraiment donné du fil à retordre, et sur la 2ème moitié du parcours je ne me souviens même pas avoir levé les yeux pour regarder le paysage, c'est pour dire...
2h45 à mon chrono quand je passe sur le barrage, en me demandant combien de temps Yannick a pu mettre. Le pauvre il doit m'attendre depuis un moment... Les gambettes crient l'arrêt total, mais il reste une petite descente, un joli pont à traverser et je suis accueillie par le speaker qui crie mon nom, et là qui vois-je, l'air stupéfait ? Yannick qui vient d'arriver lui aussi ! Ben déjà rien que ça, c'est une victoire pour moi !! Bon il aura galérer aussi, on est tous les deux dans un état pitoyable !
La morale c'est qu'il y a, certes, des trails différents, mais aussi des conditions différentes ! Je suis curieuse de refaire ce parcours quand le terrain sera moins humide, sure que la 2ème partie ne sera pas la même :-)
J'ai galèré, mais il y a quand même des points positifs :
  • j'ai travaillé à la fois ma vitesse de course, et ma résistance à l'effort (pas sure d'avoir envie de faire du cross-country d'ailleurs...)
  • une belle petite organisation dans un coin perdu de France
  • un très bon repas d'après course

Il y a aussi quelques points négatifs... à froid mon genou s'est vivement révolté, mais il semblerait qu'à J+1 ça aille mieux. Un peu de récup, de vélo et d'étirements et on verra ce qu'il en est la semaine prochaine :-)

Mon chrono : 2h47 (alors que l'objectif était 2h30-35...) 12Fem/35, 5ème SeF Les résultats du 25,6km ici Fanny, Trail&CO