Pendant qu’on se gèle en France, sous la pluie (youpi), les gens s’éclatent en Angleterre. Le V Festival aura lieu ce week end à Chelmsford, capitale de mon merveilleux comté, l’Essex. Chelmsford est connue pour son bon goût, son élégance, sa culture, les talons aiguilles blancs à paillettes, les mini robes roses léopard, le faux bronzage orange pétant mais aussi pour ce festival de musique, plus ou moins rock (parce que cette année par exemple il y a Justin Timberlake. Dans le style hard rock, on fait plus subversif! ), sponsorisé comme son nom l’indique par Virgin.
(Stoneacre.co.uk)
Les anglais adorent les festivals comme ça. Le plus célèbre est celui de Glastonbury dans le Somerset, mais il y en a partout tout l’été. Ça permet de conjuguer ces deux grandes passions britanniques que sont le camping et la musique. Parce que le festivalier va planter sa tente dans un champ au moins deux jours avant le début des réjouissances, pour être bien placer, juste à équidistance entre la buvette et les toilettes, dans une flaque de boue.
Un festival réussi est un festival humide. Il faut que ça se passe dans un déluge torrentiel, pour être authentique. Au bout de 12 heures, alors que ça n’a pas encore commencé, les toilettes sont bouchées, les tentes qui ne se sont pas envolées, sont noyées dans la boue. Les festivaliers retardataires et donc mal placés sur les côtés, font des axels en glissant dans l’herbe détrempée, alors que ceux au milieu, arrivés en avance s’enfoncent irrémédiablement jusqu’à la taille dans une boue gluante. On voit parfois passer des canards, qui pêchent au milieu, c’est la joie. Avec un peu de chance, les basses arrivent à vaincre le bruit de la pluie battante et on peut apercevoir l’oreille d’un chanteur, là bas, sur scène, à trois kilomètres de notre fosse septique emplacement.
Les festivals sont sensés être des événements pour jeunes, yeah. Mais vus les prix (pour le 2014 V Festival, entre £85 et £235 pour une seule journée) on a plus de chance de croiser des quinquagénaires revivant leur jeunesse dans des brouillards épais de fumée rigolote que leurs enfants. Ils attrapent un coup de nostalgie et une gastro en broutant des sandwiches jambon-cheddar-boue à trois heures du mat, avant de tenter de dormir entre deux piquets de tente (la toile s’est envolée depuis le début), un groupe de post hippies septuagénaires qui tressent du fromage de chèvre d’un côté , et la camionnette de la croix rouge qui soignent les débordements alcooliques de l’autre. Ils finiront au bord du divorce, du suicide, et de la dysenterie, mettront trois mois à s’en remettre…c’est tout l’esprit des festivals!
Sinon, ça passe sur BBC ou MTV…Quand on vous dit que c’est jeune. L’Ado en ricane encore.
(BBC.co.uk)