Le billet de JPROCK :
Au Brussels Summer Festival les soirées se suivent mais ne se ressemblent pas.
Après une journée particulièrement excitante hier avec les prestations de Tuxedomoon et de Front 242, c’est la musique du monde qui est à l’honneur ce soir à deux pas de l’Albertine.
Il est 19h et c’est à Oyster
Node que revient la lourde tâche d’ouvrir la soirée devant un public qui petit à petit se rapproche de la scène. La météo est clémente, et beaucoup se sont dit que passer
une soirée sympa au BSF était le bon plan du jour.
Mais revenons en à notre jeune groupe. Sur scène le groupe bruxellois propose un projet trip hop où le flow mélodique du r’n'b se mêle à des dérives jazzy et au groove du hip hop. La jeune
chanteuse, Julie Rens, possède une voix claire et envoûtante et derrière elle le band se débrouille plutôt bien. Mais rapidement on perd le fil de cette musique déjà mille fois entendue et qui
sur la longueur s'avère assez répétitive.
Ca manque de punch malgré quelques touches electro bien distillées et le public ne s’emballe pas vraiment, même si l’écoute est attentive et respectueuse.
Oyster Node a du talent, c’est sûr, mais le groupe doit encore gagner en maturité et surtout en présence scénique.
Comme chaque soir, on a droit à un petit break histoire de régler la balance et d’installer le matos et voici que déboulent sur scène Winston McAnuff and Fixi.
Winston est né en Jamaïque. Fils de pasteur il commence par chanter le gospel dans les églises puis se lance dans le reggae et quelques années plus tard forme le groupe The Black Kush avec lequel
il tourne à travers le monde.
Les années 80 et 90 ne seront pas très prolifiques pour lui, et c’est dans les années 2000 que l’homme va faire des rencontres importantes qui vont relancer sa carrière, notamment avec Camille Bazbaz et les créateurs du label français Makasound.
Il sort alors quelques albums très recommandables comme les excellents « Nostradamus" et "Paris Rockin ».
Mais c’est sa rencontre avec un accordéoniste talentueux nommé Fixi qui sera pour lui une réelle résurrection artistique.
"Winston McAnuff et Fixi, farandole tropicale ! " titraient les Inrocks à la sortie de leur premier album !
Et il est vrai que le mélange des genres fait merveille dans cette association.
Et le reggae dans tout ça ? Il est présent bien sûr, mais aussi absent par moments lorsque Fixi nous entraîne dans des dérives musette qui se mêlent à
l’afro beat-soul de son comparse.
Néanmoins une petite chose me dérange dans cette formation où notre duo est épaulé par un percussionniste qui assure aussi le rythme en beatbox ce qui se révèle franchement agaçant sur la
longueur et limite considérablement l’impact rythmique.
J'imagine ce que cela pourrait donner avec une basse ronflante, une guitare reggae et des claviers auxquels s’ajouteraient l’accordéon de Fixi et la voix de Winston.
Bref je ne critique aucunement le fond ( je possède d’ailleurs plusieurs albums de Winston dans ma collection de cd's) mais plutôt la forme qui m’a laissé un peu sur ma faim.
Mais dans l’ensemble ce fut une prestation énergique et réjouissante qui a su convaincre le public nombreux venu pour Ayo.
Ayo dont je ne vous parlerai pas, car j’ai dû quitter le BSF avant son concert, mais au vu de la foule qui avait fait le déplacement et du talent de la jeune femme, le succès a certainement été
au
rendez -vous.
Texte et photos : Jean-Pierre Vanderlinden aka JPROCK.