Le dispositif relatif au micro-investissement, parrainé par l’Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes (ANSEJ), attire de plus en plus de jeunes.
Dans la wilaya de Béjaïa, près de 35.000 dossiers ont été déposés, depuis son lancement, dont 11.830 ont été validés et financés. Cela a permis la création de plus de 30.000 emplois directs. De nouvelles dispositions ont été incluses dans ce dispositif. Le directeur de l’agence de Béjaïa a bien voulu brosser un tableau sur ce dispositif d’insertion professionnelle.
DDK : À quelle date remonte le début d’activité de l’ANSEJ à Béjaïa ?
Chafik Kebache: l’ANSEJ a été créée en 1996, mais l’antenne de Béjaïa n’a ouvert ses portes qu’en juillet 1998. Avant cette date, il y avait la délégation à l’emploi de jeunes (DEJ).
Et depuis, l’ANSEJ a traité combien de dossiers ?
11 830 dossiers ont été traités depuis 1998 au 30 juin 2014. Ça augmente de plus en plus. À titre d’exemple, pour l’exercice 2013, 1 637 projets ont été financés et pour le premier semestre de l’année en cours, sur les 1.599 dossiers déposés, 1 162 ont eu leurs accords bancaires.
Donc, c’est la banque qui finance la plus grande partie de l’investissement?
Il y a deux types de financement. Le financement mixte, constitué d’un apport du promoteur et du crédit de l’ANSEJ. Celui-ci est souvent inférieur à cinq cent mille dinars. Le promoteur verse 71% et l’ANSEJ s’occupe du reste. Pour l’autre type, qui est triangulaire, la banque intervient avec 70 %, l’ANSEJ avec 28 ou 29 % et le promoteur avec seulement 1ou 2 %. Concernant le choix du type de financement, la décision revient au postulant. Je tiens à préciser qu’il peut être mixte ou triangulaire, et ce, quel que soit le montant à investir.
Combien d’emplois ont été créés jusqu’à aujourd’hui?
Les projets de l’an passé et ceux du premier semestre de 2014 ont créé, à eux seuls, 5.138 emplois directs. Depuis le lancement du dispositif, 30.900 postes de travail ont été mis sur le marché de l’emploi par ces micro-entreprises.
Il y a des activités délaissées par les jeunes alors qu’elles peuvent être fructueuses ?
Dommage que les candidats ne postulent pas aux activités de l’artisanat. La culture des figues, le
conditionnement d’olives ou encore la fabrication de produits de l’artisanat peuvent être des créneaux porteurs.
Quels sont les secteurs qui attirent le plus les jeunes ?
Le jeune veut être, en priorité, propriétaire d’un véhicule. C’est la raison pour laquelle les candidats commencent par cibler le secteur du transport ou la location de voitures. Cela a provoqué d’ailleurs une saturation dans ce domaine.
D’après votre expérience, quels sont les secteurs les plus rentables?
Le bâtiment, l’hydraulique et la petite industrie, entre autres, qui sont, d’ailleurs, générateurs d’emplois.
.Il y a, semble-t-il, des activités gelées ?
En effet, il y a celles gelées au niveau national et d’autres au niveau local. Tout type de transport, la pâtisserie ou la boulangerie sont des activités gelées au niveau national. Chez nous, dans la wilaya de Béjaïa, la fabrication d’emballages et la collecte de lait sont à rajouter à la liste arrêtée au niveau national.
Pourquoi la collecte de lait au moment où les pouvoirs publics l’encouragent ?
Parce que tout simplement nous avons accordé beaucoup d’investissements dans ce domaine. Les bénéficiaires sont arrivés au point d’enlever la citerne du camion et d’utiliser ce dernier pour le transport de marchandises. Quelque part, ils ont raison. Ils veulent rentabiliser le camion pour rembourser leurs dettes.
Concernant ces crédits accordés, les bénéficiaires arrivent-ils à payer régulièrement leurs dettes ?
Jusqu’à présent, nous pouvons nous targuer d’être parmi les meilleurs. Les jeunes payent leurs dettes de banque et de l’ANSEJ souvent dans les délais.
Le mode de remboursement est toujours le même ?
Oui. Les attributaires bénéficient d’un différé de remboursement de trois ans concernant la banque. Quant à l’ANSEJ, son remboursement se fait à partir de la 9e année. C’est, en quelque sorte, un crédit à long terme.
Y a-t-il de nouveaux critères d’éligibilité ?
En effet, depuis 2012, seuls les jeunes diplômés des centres de formation ou des universités sont éligibles au dispositif. Il y a une exception pour les personnes âgées entre 30 et 35 ans. Ces dernières peuvent justifier de leur qualification par des attestations de travail approuvées par la caisse des assurances sociales. Toutefois, l’expérience doit être supérieure à un semestre et même à une année pour certaines activités.
Et de nouvelles dispositions ?
Celles-ci concernent l’allègement en matière de bureaucratie. Désormais, le candidat doit télécharger, sur le site de l’ANSEJ, l’imprimé à remplir qu’il déposera, accompagné d’une photo et d’une copie de la pièce d’identité. Après quinze jours, il sera convoqué et ce n’est qu’une fois le dossier validé qu’il fournira tout le dossier administratif nécessaire. En outre, le registre de commerce et le bail de location ne seront demandés qu’après l’accord bancaire.
D’autres faveurs….
Les prêts non rémunérés font partie de ces nouveaux avantages. Il y a trois types, mais non cumulables. Il y a « Le Véhicule/ Atelier » destiné aux artisans, « Le loyer » pour financer jusqu’à concurrence de 50 millions de centimes, le loyer des activités sédentaires et il y a celui appelé « Le cabinet groupé » destiné aux professions libérales. Un million de dinars peut être accordé pour, au moins deux personnes, à condition qu’elles soient toutes les deux demandeuses. Généralement, ça peut concerner les jeunes avocats…
Est-il vrai que Béjaïa figure parmi les wilayas où les jeunes diplômés ont le plus profité de ce dispositif ?
Effectivement, Béjaïa a toujours été sur le podium. En 2012, nous avons financé 4.096 projets, soit l’équivalent des 4 antennes de la capitale. D’ailleurs, il n’y a pas que le nombre, il y a aussi la qualité. À chaque salon de l’emploi, organsiné à la foire d’Alger, nos jeunes sont toujours primés.
Entretien réalisé par A.Gana