Algeria | 10 Jul 2014
In English
En Algérie, le secteur de l’assurance a réalisé un début d’année encourageant, enregistrant une forte croissance du volume des primes au premier trimestre 2014 et une progression encore plus importante en 2013, en raison notamment d’un rebond du segment de l’assurance vie suite à l’introduction d’importantes réformes et de projets du gouvernement portant sur l’introduction en bourse d’une partie d’une compagnie publique d’assurance.
Le taux de pénétration de l’assurance en Algérie est faible comparé aux taux enregistrés dans l’OCDE et dans la région : exprimées en pourcentage du PIB, les primes s’élèvent à 0,81%, selon les chiffres actualisés pour 2012 de l’étude sigma de Swiss Re, publiée en janvier de cette année, contre 1,82% en Tunisie et 2,95% au Maroc.
Le secteur a toutefois affiché des résultats impressionnants ces derniers mois, laissant entrevoir des perspectives haussières. Le chiffre d’affaires du secteur a grimpé de 7,2% en glissement annuel au premier trimestre 2014 pour atteindre 33,7 milliard de dinars (311,9 millions d’euros), selon les chiffres communiqués début juin par le Conseil National des Assurances (CNA). Les activités non vie se taillent la part belle du marché, représentant 94,5% du total, un chiffre qui n’a que très peu évolué par rapport au même trimestre en 2013 et à l’ensemble de l’année.
L’ensemble de l’année écoulée a connu une croissance encore plus forte, dépassant les niveaux élevés de l’année précédente. Le chiffre d’affaires a augmenté de 15% en glissement annuel, passant à 113,9 milliards de dinars (1,05 milliard d’euros) en 2013, après avoir enregistré une hausse de 14,1% en 2012. Étant donné un taux d’inflation situé en 2013 autour des 4,5% selon le FMI, cela représente une croissance réelle conséquente, bien au-dessus du taux de 2,7% réalisé par l’économie dans son ensemble.
Rebond du segment vie
Si les primes d’assurance non vie ont une place dominante dans le chiffre d’affaires du secteur, c’est le segment vie qui affiche la plus forte croissance en 2013, gagnant par conséquent des parts de marché ; les primes d’assurance-vie se sont élevées à 8,03 milliard de dinars (74,28 millions d’euros), soit 7% du marché de l’assurance en 2013, en hausse de 22% par rapport aux 6,59 milliards de dinars (60,96 millions d’euros), soit 6,6% des primes totales, enregistrés l’année précédente.
Cela représente un tournant pour le segment ; la taille du marché de l’assurance vie s’est contractée en 2012 suite à un ensemble de réformes sectorielles qui, instituant une obligation de séparation des activités vie et non vie, a forcé de nombreuses compagnies à créer de toutes nouvelles filiales vie. À en juger par le retour de la croissance en 2013, les réformes semblent donc désormais bien implantées.
Primes par branche
Ceci étant, malgré la solide croissance des activités vie, sur l’ensemble des primes, c’est toujours l’assurance automobile qui occupe la première place en 2013, conservant un rôle moteur dans le secteur. Avec des primes s’élevant à 61,3 milliards de dinars (567 millions d’euros) en 2013, en hausse de 17% par rapport aux chiffres de 2012, le segment représente 58% du montant total des primes émises. Les primes d’assurance incendie et risques divers totalisent 35,4 milliards de dinars (327,5 millions d’euros), soit une hausse de 11% par rapport à l’année précédente.
Plusieurs branches de plus petite taille ont enregistré une croissance encore plus importante : les primes de l’assurance agricole affichent une progression de 24% en glissement annuel et s’établissent à 2,79 milliards de dinars (25,8 millions d’euros) et l’assurance-crédit connaît une hausse de 49% qui lui permet d’atteindre 924,1 millions de dinars (8,54 millions d’euros), principalement portée par une très nette augmentation de l’assurance-crédit à l’immobilier. En revanche, l’activité transport n’affiche qu’une hausse de 3%, atteignant 5,48 milliards de dinars (50,7 millions d’euros).
Investissement prometteur
Les assureurs du pays tablent sur une poursuite de cette tendance. Hadj Ahmed Mahammed, Directeur Général de l’assureur algérien privé GAM (Générale Assurance Méditerranéenne), a déclaré aux médias locaux que la compagnie, qui est détenue par le fonds de capital-investissement ECP AfricaFund, vise une hausse annuelle des primes de 18% entre 2014 et 2018.
Les solides résultats obtenus par les assureurs dans le pays sont également bon signe pour les marchés des capitaux algériens, jusqu’à présent relativement restreints, les investisseurs nationaux tirant eux aussi profit de la récente croissance et des bénéfices qui en ont découlé. Alliance Assurances, qui en 2011 est devenue la première compagnie privée cotée à la Bourse d’Alger, a annoncé en juin qu’elle comptait verser des dividendes à hauteur de 30 dinars (0,28 euros) par action, soit un rendement de 5% par rapport au cours actuel de l’action du groupe. L’année précédente, les dividendes avaient été payées en actions gratuites et étaient équivalentes à 26 dinars (0,24 euros) par action. La distribution des dividendes, d’un montant total de 175 millions de dinars (1,62 million d’euros), a fait suite à la publication des résultats de la compagnie, qui a réalisé un bénéfice de 367 millions de dinars (3,39 millions d’euros) en 2013, en hausse de 58% par rapport à 2012.
Mais l’unique assureur présent à la Bourse d’Alger réfléchirait actuellement à un éventuel retrait de la Bourse. « Le système de cotation sert beaucoup plus à dévaloriser le titre de la compagnie qu’à le valoriser. Plus on achète, plus il déprécie la valeur du titre, » a expliqué Hassen Khelifati, le PDG de la compagnie, lors d’une matinée d’information financière qui s’est tenue à Alger le 23 juin, relayée par Tout sur l’Algérie. « Alliance Assurances a beaucoup plus d’inconvénients de son introduction en bourse que d’avantages…Nous pensons très sérieusement à d’autres options, » a-t-il déclaré.
Quoi qu’il en soit, les opportunités d’investissement dans le secteur devraient s’accroître alors que le gouvernement envisage la cession d’une partie des actions de la Compagnie Algérienne d’Assurance et de Réassurance (CAAR), dans le cadre d’une stratégie plus vaste annoncée l’an dernier et qui porte sur la privatisation partielle de huit entreprises publiques dans le but de stimuler les activités boursières.
La CAAR, une des quatre compagnies d’assurances publiques qui se partagent l’essentiel du marché – les compagnies publiques représentaient une part de marché cumulée de 76% en 2013- s’est arrogé environ 17% du marché de l’assurance non vie en 2012. Si la date exacte de la cotation n’a pas encore été annoncée, il semblerait toutefois qu’une partie de ces huit entreprises vise une introduction en bourse avant fin 2014.
http://www.oxfordbusinessgroup.com/economic_updates/les-assureurs-alg%C3%A9riens-observent-une-croissance-rapide