Agence France-Presse WASHINGTON
Les Américains consommaient 3,6 grammes de sel par jour en moyenne en 2010, soit 80% plus que la recommandation de l'OMS.ARCHIVES, LA PRESSEL'excès de sel tue chaque année plus de 1,6 million de personnes dans le monde, affirme mercredi une recherche américaine selon laquelle des campagnes pour en réduire la consommation seraient un bon moyen d'éviter un grand nombre de morts prématurées.
«Il est établi que la consommation de niveaux élevés de chlorure de sodium fait grimper la tension artérielle, un risque majeur de maladies cardiovasculaires et d'accidents vasculaires cérébraux», souligne le Dr Dariush Mozaffarian, président de la faculté de sciences de la nutrition à l'Université Tufts, principal auteur de cette étude.«Mais les effets de l'excès de sel sur les pathologies cardiovasculaires dans l'ensemble du monde selon l'âge, le sexe et les pays n'avaient pas été bien établis jusqu'alors», explique-t-il dans cette recherche publiée dans le New England Journal Of Medicine (NEJM).Ces chercheurs ont déterminé que la consommation quotidienne de sel dans le monde en 2010 était de 3,95 grammes en moyenne par personne, soit près du double des 2 grammes par jour recommandés par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).Toutes les régions du monde ont également des niveaux de consommation de sel de cuisine qui dépassent la recommandation de l'OMS, de 2,18 grammes/jour en Afrique sub-saharienne jusqu'à 5,51 grammes en Asie centrale.Dans leur méta-analyse de plusieurs études cliniques, les auteurs ont constaté que le fait de réduire la consommation de sodium faisait baisser la tension artérielle chez tous les adultes, avec les effets les plus importants chez les personnes âgées, les Noirs et les sujets ayant des prédispositions à l'hypertension.«Ces 1,65 million de morts représentent près de 10% de tous les décès dus à des maladies cardiovasculaires et aucun pays et peu de régions du globe sont épargnés», souligne le Dr Mozaffarian.Manque de statistiques«Les résultats de cette étude montrent la nécessité d'engager des politiques vigoureuses pour réduire la consommation de sel alimentaire aux Etats-Unis et dans l'ensemble du monde», insiste-t-il.Les Américains consommaient 3,6 grammes de sel par jour en moyenne en 2010, soit 80% plus que la recommandation de l'OMS. Dans le guide diététique officiel, les autorités fédérales recommandent au public de ne pas dépasser 2,3 grammes par jour.Les auteurs de cette étude ont déterminé que près de 58 000 morts d'origines cardiovasculaires chaque année aux Etats-Unis peuvent être attribuées au fait d'absorber plus de deux grammes de sel quotidiennement.Mais ces chercheurs soulignent aussi que les résultats de leur étude, basés sur des analyses d'urine pour déterminer les taux de sodium absorbés, pourraient sous-estimer la consommation dans le monde. Ils reconnaissent aussi le manque de statistiques dans certains pays.Un éditorial également publié dans le NEJM accompagnant cette étude invite à la prudence dans l'interprétation de leurs résultats.«Etant donné les nombreuses hypothèses utilisées par les auteurs pour compenser le manque de statistiques de bonne qualité, on se doit d'être prudents», écrit la Dr Suzanne Oparil de l'Université d'Alabama.En outre, relève-t-elle, une autre étude publiée dans la même édition du NEJM montre que chez certaines populations dans le monde consommant peu de sel, il n'y a pas de lien avec le niveau de la tension artérielle, qui peut être élevé, bas ou normal.Selon elle ces résultats plaident donc en faveur d'études cliniques supplémentaires avant de faire des recommandations de santé publique.L'Institut américain de médecine (IOM) avait conclu dans un rapport en 2013 que la plupart des observations montraient un lien entre une consommation élevée de sel et les maladies cardiovasculaires.Mais, l'IOM, qui fait autorité, relevait l'insuffisance des recherches pour savoir avec certitude si le fait de réduire le sel absorbé sous de 2,3 grammes par jour abaisserait le risque de pathologies cardiovasculaires dans la population.Pour sa part l'American Heart Association demande à l'Agence américaine des médicaments (FDA) de limiter la quantité de sel consommé à 1,5 gramme/jour.Selon l'association, plus de 75% du sel absorbé par les Américains provient des aliments industriels et des restaurants.