Rappelons en deux mots – et sans entrer dans les détails – ce que fut l’histoire de Frankenstein, ce monstre qui a marqué des générations soit à travers le roman, puis le cinéma, la bande dessinée et même les jeux vidéos.
Un savant découvre le secret de la vie et fabrique un monstre qui s’avérera intelligent mais cruel. Le savant ne pourra que constater son incapacité à contrôler les agissements de sa terrifiante création.
Dans la vie courante, de la cellule nucléaire familiale à l’entreprise et même à l’état même, on peut recenser des kyrielles de cas susceptible d’être répertoriés dans cette catégorie.
De tout temps, il nous a été donné d’observer qu’un quelconque pouvoir crée de toute pièce une “entité” qu’il a l’intention d’utiliser à son avantage et de noter que cette “entité” se retourne contre son créateur ou du moins s’éloigne de plus plus et de façon incontrôlée des buts que son créateur lui avait assignés.
Cela commence à l’échelle individuelle : l’exemple des enfants-rois est le plus édifiant.
Un enfant vient égayer la vie d’un jeune couple, qui par ignorance, par paresse ou pire parfois par intime conviction, commence à céder aux désidératas du nouveau venu. Le bébé gâté se transforme peu à peu en enfant mal élevé puis en adolescent pourri avant de devenir un adulte irresponsable.
Éducation post – soixante-huitarde oblige!
On retrouve le même phénomène au niveau de l’entreprise. Il arrive que le patron d’une boite, dans le vain espoir de contrer les revendications de ses employés exprimées par le biais d’un syndicat, tente de créer la division au sein des travailleurs en poussant à la naissance d’un nouveau syndicat. Le nouveau venu, tenté par le pouvoir illégitime qui lui a été donné, joue la surenchère et devient beaucoup plus exigeant que le syndicat “traditionnel”.
Dans le monde politique, la création de monstres est chose courante! Surtout dans nos pays à faible potentiel démocratique.
Les partis politiques “cocottes-minutes” chers aux apprentis-sorciers du genre Basri and Co en sont l’exemple édifiant.
Chez nous, on a vu proliférer des partis créés ex-nihilo par les autorités administratives pour devenir ensuite un véritable boulet pour ces mêmes autorités qui les ont sortis du néant.
Un autre exemple, plus grave, est celui de l’aide apportée par les autorités publiques aux différents mouvements islamistes, dans le but de contrer la poussée des groupes gauchistes : à jouer la peste contre le choléra, les gouvernements successifs des années 8o et 90 ont fini par éliminer la gauche mais à créer et à consolider l’obscurantisme religieux qui est la plaie de notre société actuellement;
Dans le monde de l’économie, la création de monstres qui se transforment en dévoreurs de leurs créateurs n’est pas rare.
Je pense par exemple à ces promoteurs immobiliers, qui poussés par l’état à coup de distributions de terre à des prix symboliques pour ne pas dire scandaleux et condamnables suivies d’exonérations fiscales in justifiées, auraient dû résoudre le problème de l’habitat social!
Ces prometteurs, hier illustres inconnus, se sont retrouvés à la tête de fortunes colossales qui leur permettent de défier l’autorité de l’état, en reniant leurs engagements initiaux.
L’habitat social est oublié, les promoteurs se sont enrichis de façon éhontée, les marocains supportent une spéculation effrénée§ Encore l’exemple d’un Frankenstein, créé par l’administration et qui se métamorphose en monstre incontrôlable.
A un niveau plus large, la catastrophe financière consécutive au système des subprimes est un autre exemple de ces monstres que l’homme, dans son délire créatif, met en place sans penser à toutes les suites éventuelles que cette création peut avoir!
Dans un prochain billet, j’aborderai le problème du syndrome de Frankestein considéré sous l’angle des états et des relations internationales : il s’avère que le monde fourmille de créations dont personne n’a envisagé les dangers véritables qu’elles portaient en elles.
A SUIVRE ……