Visiter la Sérénissime hors des « ruelles battues »? Pas si compliqué, même s’il faut aussi savoir succomber aux charmes de la carte postale. Mais surtout se laisser guider par son instinct… et un peu aussi par le GPS de sa tablette ou son smartphone!
1-Ne pas prendre le Vaporetto (ni de gondole)
Oui, le Vaporetto, c’est pratique, mais c’est aussi ultra bondé. Et ça sent le gasoil à plein nez. Quant aux gondoles, j’ai préféré les voir de la terre ferme, depuis les petits ponts perdus dans le dédale de la ville. J’ai préféré la marche à pied au cœur de la cité. C’est le meilleur moyen de se perdre dans les ruelles où l’on ne croise quasiment que des Vénitiens et où règne souvent un calme absolu, loin du tumulte de la place San Marco et du pont du Rialto. Il faut entrer dans la carte postale, bien sûr, mais il faut aussi vite en sortir pour apprécier la beauté vénitienne, les odeurs de cuisine qui s’échappent par les fenêtres, le bruit des pas sur les pavés, le clapotis de l’eau après le passage d’une barque dans un tout petit canal.
Regarder les gondoles passer sous le pont des soupirs... © V.C.
2-Profiter des terrasses
On marche beaucoup, à Venise, alors faire des pauses répétées sur les terrasses de cafés, sur une place ombragée ou devant une église magnifique, cela fait partie du voyage. Il ne faut pas vouloir tout voir, il faut contempler et s’imprégner, c’est, je crois, le meilleur moyen d’apprécier. Prendre le temps de regarder les petits Vénitiens jouer au foot sur le Campo Santa Maria Formosa, en sirotant un Spritz Aperol ou Campari noyé de glaçons. Et puis lorsqu’il n’y a pas de terrasse, on trinque quand même en sirotant un ballon de vin blanc à moins de 2€, accompagné de quelques cicchetti, les tapas vénitiennes, sur le trottoir de la Cantine del Vino Già Schavi, sur la Fondamenta Nani (Dorsoduro), un bar à vins fréquenté par les étudiants de l’Université Ca’Foscari les Vénitiens qui y emmènent des amis et les touristes. Les patrons ne sont pas hyper chaleureux avec les nouvelles têtes, mais on y va pour l’effervescence au bar à l’heure de l’apéro, et la situation du bistrot. Cliché? Assumé!
Spritz aperol en terrasse. © V.C.
Apéro et ciccheti! ©V.C.
3-Découvrir le Castello
Longer les quais, passer devant le mythique Danielli, faire abstraction des vendeurs de masques en plastiques Made in China aux alentours du Pont des Soupirs, arriver devant le Musée d’histoire de la Marine et filer par la grande via Garibaldi (c’est la plus large de Venise); et là, s’enfoncer dans le Castello, jusquà l’île de San Pietro, havre de verdure très paisible où l’on trouve des petits ateliers de construction et de réparation de gondoles ou bateaux. Dès que l’on quitte l’extra-centre et les rues les plus touristiques, les prix prennent des couleurs plus locales : 1€ le café au bar et 1,50€ en terrasse à la Trattoria alla Nueva Esperanza, sur une petite place de San Pietro, et 2,50€ le Spritz au bar (3€ en terrasse) quand il coûte entre 5 à 6€ sur les terrasses face à San Giorgio di Maggiore… On n’est pourtant à moins de 15 mn à pied de la piazza San Marco! Du côté de l’Arsenal veillé par ses lions de pierre dont le grand gardait jusqu’au XVIIème siècle le port athénien du Pirée, on tombe souvent sur des étudiants en art, carnet de croquis en main. Au détour d’une ruelle fraîche, on se dit qu’on pourrait croiser l’ombre furtive de Corto Maltese…
Le charme du Castello. ©V.C.
L'île San Pietro. © V.C.
Rencontre insolite dans une rue de San Pietro... © V.C.
L'arsenal. ©V.C.
4-Déambuler dans les allées du marché du Rialto
C’est LE marché vénitien, où se mêlent locaux et touristes. Le marché aux poissons est impressionnant, comme le balai des conteneurs de déchets, emportés par bateaux à la fin de la matinée. Et que dire des mouettes, grosses comme des dindes (si, si), qui plongent en piqué sur les morceaux de poissons à terre, au milieu de glace pilée… Hitchcock aurait adoré!
Artichauts marinés au Rialto. © V.C.
Le marché aux poissons. © V.C.
5-Observer le balai des livreurs et des bateaux
Il faut vraiment prendre le temps de regarder ces invisibles, peu appréciés des touristes (et vice versa). Se taper les petites marches des ponts avec un diable chargé de multiples cartons pour livrer les boutiques, en zigzagant entre les groupes de vacanciers qui se prennent en photo sur les ponts en question, je dis respect. Car à Venise, tout est plus compliqué : les livraisons, le ramassage des ordures, la distribution du courrier et des colis… Et la gestion des pompes funèbres puisque c’est évidemment sur l’eau que passent les cercueils recouverts de fleurs.
Ambiance sur le Grand Canal. © V.C.
6-Manger une gelato chez Nico
OK, Nico fait partie de la carte postale vénitienne, c’est une adresse incontournable du Dorsoduro, mais c’est aussi une expérience gustative qu’il serait dommage de rater, quasi sensuelle tant la crème glacée est fondante, onctueuse, goûteuse. Mais il faut défendre son trésor car les pigeons déboulent sur les tables installées au bord du canal de la Giudecca en faisant de grands effets de manches, enfin d’ailes, pour vous impressionner et piquer quelques miettes de gaufre ou de biscuit à glace. Ils peuvent toujours essayer!
Les gelati de chez Nico: miam! © V.C.
Quelques bonnes adresses testées :
-Hostaria All’Ombra, via Garibaldi (Castello) : le patron est sympa et parle volontiers français. J’y ai mangé un bon foie de veau à la vénitienne (14€). Le spritz est à 4€, le menu du jour à 15€. www.hostariaallombra.com
-Gelateria Nico, Fondamenta Zattere al Ponte Longo (Dorsoduro) : un « must ». En terrasse, la coupe une boule coûte 3€, 2 boules 5€, et le café 2,50€. www.gelaterianico.com
-La Feluca, calle della Mandola, 3648 (San Marco) : très bon service, attentionné. Venant de l’hôtel Pallazzo Paruta à proximité, on a eu droit à une coupe de proseco en apéritif, et un limoncelo en digestif. Sympa. Et la qualité des plats est excellente; d’ailleurs, même si les touristes y sont nombreux, on y croise aussi des habitués le soir. Compter une quarantaine d’euros par personne à la carte, vin compris. C’est là que j’ai goûté une fabuleuse huile d’olive des collines de Florence au goût merveilleux d’amandes fraîches (La Capannaccia, IGP Toscani). www.ristorantelafeluca.com
-Ristoteca Oniga, un resto/bar à vin sur le campo San Barnaba (Dorsoduro) : bonne cuisine, notamment de poisson (compter quand même environ 20/25€ le plat à la carte), et belle terrasse face au rio San Barnaba et à l’église toute blanche du même nom… que l’on peut voir dans Indiana Jones et la Dernière Croisade! Charmant endroit à l’heure où le soleil se couche. www.oniga.it
Bienvenue à Venezialand... © V.C.