Vendredi 26 novembre 1915
Ma chère Isabelle,
nous voilà dans les baraquements en planches où le froid ne s'y fait pas trop sentir malgré sa vivacité au dehors.
La santé est toujours excellente.
Reçu une lettre de cousine Jeanne où elle me dit qu'elle t'a écrit.
Je rentre, la neige tombe.
Recevez tous mes meilleures caresses avec deux toutes particulières pour toi et ma Raymonde.
Ton bien aimé.
...
Un courrier assez court, qui ne nous en apprend pas beaucoup... en dehors du fait que son rédacteur a dû perdre sa maison pour cause de bombardements et d'incendie, puisqu'il est réfugié dans un baraquement en planche.
Heureusement, malgré le froid de ce mois de novembre, cela semble quand même "vivable" ! C'est d'un contraste certain avec le lieu où se trouve Isabelle, puisque l'adresse du destinataire est Ibrahimieh, un quartier d'Alexandrie en Egypte.
Cette carte a été postée le 27 novembre 1915 comme l'atteste le cachet de Reims, et a été tamponnée 13 jours plus tard, à Ibrahimieh, le 10 décembre 1915.
Ibrahimieh (Alexandrie), en 1905.
La vue de cette carte rémoise envoyée en Egypte nous est assez familière, et nous présente encore une fois, la cathédrale meurtrie, sans toiture ni charpente... une photo prise depuis le quartier des Laines, avec en premier plan, les ruines de l'ancien Couvent Franciscain des Cordeliers. Le quartier avait été bombardé le 18 septembre 1914, la veille de l'incendie de la cathédrale de Reims.
Ci-dessous, une vue de la Maison Gaston Lainé, rue des Trois-Raisinets, qui utilisait avant guerre l'église comme entrepôt. Les ruines du couvent servent aujourd'hui de cadre à un parc très agréable.