Cher Monsieur Alain Delon,
Ce que j’ai à vous narrer
N’est pas long
Mais vous n’allez pas vous marrer.
L’autre jour à Grenoble,
Vous fûtes ignoble.
Vous montrâtes un manque de correction
Que je ne peux laisser passer.
C’est d’ailleurs la raison
Qui m’amène à vous adresser
Cette lettre publique.
Amis lecteurs, voici les faits.
Ils sont iniques.
Jugez plutôt, s’il vous plait :
À l’issue du séminaire annuel
Organisé au Novotel
Par la direction de ma société.
Je passais dans le hall
En compagnie de Carole,
La responsable
Du service comptable.
Au bar, Monsieur Delon,
Vous sirotiez un whisky.
Carole vous a souri.
Aimables salutations
Courte et banale discussion.
Puis, elle et moi, nous sommes sortis.
Nous hélâmes un taxi.
Et là, O surprise ! M. Delon
Vous nous avez suivis
Car, disiez-vous,
Vous preniez comme nous
Le TGV de 19 heures dix.
Quand nous arrivâmes sur le quai,
Le train venait de partir.
Alors, sans rien dire,
Vous vous êtes sauvés
Carole et vous
Bras dessus, bras dessous.
Vous m’avez laissé tomber.
J’en restais bouche bée !
Carole riait.
J’étais scandalisé.
Vous vous croyez donc
Tout permis, Monsieur Delon !
Si vous vous étiez montré
Un peu plus courtois
Envers moi
Je vous aurais invité à diner.
Et tous les trois,
On se s’rait taper une cloche de roi !