J’écris ce billet après lecture des 15 extraits présentés dans le magazine Lire de cet été. Justement c’est ma moyenne de lecture mensuelle mais tiendrai-je le rythme cette fois avec un emploi du temps libre très réduit? C’est pourquoi il me faut choisir avec soin les livres que je vais acheter.
Le premier avant tout sera celui de celle que je lis systématiquement tous les ans tout simplement parce que je l’aime. Parfois c’est un bon crû parfois moins mais c’est toujours un moment savoureux que de découvrir sa production de l’année. Justement les 17 premières pages sont en libre accès chez l’éditeur Albin Michel et de quoi parlent-elles tout d’abord? De champagne et d’ivresse, de séances de dédicace, enfin de la rencontre avec Pétronille, une lectrice également romancière prise tout d’abord pour un garçon. Le récit commence en 1997.
Ça y est! Me voilà ferrée! Je retrouve l’ humour pince sans rire et cette forme de gentillesse qui cache la cruauté des analyses sur le comportement humain. sur le site du Point, Jérôme Béglé en montre un peu plus mais il raconte trop l’intrigue déjà, je trouve. Je retiens simplement qu’il s’agit d’un récit en partie autobiographique sur une amitié entre deux femmes, dont l’une vient d’écrire son premier roman. J’ai hâte de savoir la suite. Lancement réussi! Elle m’a déjà fait rire avec des remarques comme celles-ci:
Rien ne me désole plus que ces gens qui, au moment de goûter un grand vin, exigent de "manger un truc": c’est une insulte à la nourriture et plus encore à la boisson. "Sinon, je deviens pompette", bredouillent-ils aggravant leur cas. J’ai envie de leur suggérer d’éviter de regarder de jolies filles: ils risqueraient d’être charmés.
L’exercice de la dédicace repose sur une ambiguïté fondamentale: personne ne sait ce que l’autre veut. Combien de journalistes m’ont posé cette question: «Qu’attendez-vous de ce genre de rencontres?» A mon sens, l’interrogation est encore plus pertinente pour la partie adverse. (…)
Aujourd’hui, la question est un peu moins mystérieuse. Je ne suis pas la seule à avoir observé que les plus jolies filles de Paris font la queue devant moi, et je remarque avec amusement que beaucoup de gens fréquentent mes dédicaces pour draguer ces beautés. Les circonstances sont idéales, car je dédicace à une lenteur accablante, les séducteurs ont donc tout leur temps.
Au premier regard, je la trouvai si jeune que je la pris pour un garçon de quinze ans. Cette juvénilité était confirmée par l’intensité exagérée des yeux : elle me dévisageait comme si j’avais été le squelette du glyptodon du muséum du Jardin des Plantes.
Je suis souvent lue par des adolescents. Quand il s’agit d’une lecture imposée par le lycée, c’est d’un intérêt modéré. Lorsqu’un môme me lit de sa propre initiative, c’est toujours fascinant. Aussi accueillis-je le garçon avec un enthousiasme non feint. Il était seul, ce qui prouvait qu’aucun professeur ne l’envoyait.
Il y a deux attitudes possibles chez ceux à qui je viens de signer un livre : il y a ceux qui partent avec leur butin et ceux qui se rangent sur le côté et me regardent jusqu’au bout de la séance. Pétronille resta et m’observa. J’eus l’impression qu’elle voulait me consacrer un documentaire animalier.
Billet d’origine sur mon autre blog ICI