Pénitencier
Roland a toujours eu un rapport conflictuel avec l’autorité. Que ce soit l’école ou la police. À 17 ans, après une bagarre, il est envoyé pour la première fois en prison. Pendant les 3 jours où il est incarcéré, le jeune homme est heureux: sa mère lui rend visite et lui apporte des cigarettes. «À l’extérieur je n’avais rien, et là, on m’apportait des cigarettes.»
Pendant les années suivantes, il va faire de nombreux allers-retours en prison. Progressivement les peines s’accumulent et augmentent. De 3 jours à 1 mois. De 1 mois à 2 mois. Puis finalement de 2 ans et 8 ans. Cette dernière peine lui est value pour un coffre-fort.
À l’intérieur, on lui dit qu’en prison «tu n’as pas de droit, que des privilèges. Ici, on dompte les lions et on plie l’acier.» Le ton est donné. Alors, pour éviter d’avoir plus de temps, les détenus jouent au «bon gars». Mais, il n’y a rien de sincère précise Roland.
Pendant sa peine de 2 ans (pour avoir battu un policier), il apprend que le pénitencier est obligé d’accepter si un détenu veut étudier. Chose qu’il mettra en œuvre pendant les 8 années de sa dernière sentence, au pénitencier de St-Vincent-de-Paul. Avant celle-ci, il était dans le bois, recherché avec des amis armés qui s’étaient évadés de prison. À ce moment-là, l’artiste peintre à un déclic. Il veut reprendre sa vie en main.
Éducation
Par correspondance, Roland suit des cours. «C’était gratuit avec l’Éducation nationale.» Ses cours seront divers, notamment un de lettrage d’enseignes où il obtint 99.4%. «C’est parce que j’avais le temps», s’amuse-t-il. L’artiste fait son chemin et n’hésite pas à tenter de nouvelles choses: Roland va suivre par correspondance des cours de la Famous Artists School. Il aura notamment comme professeur Norman Rockwell, célèbre illustrateur américain.
En 1967, Roland pense à sa réhabilitation, et il demande à être transféré à Dorchester, au Nouveau-Brunswick. 2 raisons le motivent. La première, suivre un cours de lettrage d’enseignes. De quoi avoir un métier à sa sortie. La seconde, apprendre l’anglais. L’homme qui avait toujours été en conflit avec l’autorité suit désormais des cours d’anglais offerts par l’armée. Le changement est progressif, mais réel. Le rebelle s’instruit.
Ces changements, le personnel du pénitencier les remarque, et on lui propose une libération conditionnelle. Mais l’artiste n’est pas encore prêt, il continue à peaufiner sa sortie. «Je leur ai dit que je leur ferai signe le moment venu.» Chose qu’il a faite.
Roland a d’abord obtenu une bourse d’études. Le ministre de l’Éducation du Québec fait une visite à Dorchester, et Roland en profite pour lui offrir un tableau. Quelques semaines plus tard, il fait une demande de bourse et il est accepté.
Prochaine étape: l’admission à l’université. Encore une fois, les évènements se déroulent sans accroc. «J’ai rencontré le recteur de l’université et il était prêt à m’admettre immédiatement dans son établissement. Je lui ai dit de me faire une lettre de preuve.»
Dernier point pour sortir, trouver un travail. Roland se rend dans une boutique d’enseignes et montre son porte-folio au patron. «C’était un bon gars.» Un ancien militaire qui avait été fait prisonnier de guerre. Tous les astres sont alignés, Roland peut demander sa conditionnelle. «Le vendredi mon dossier est étudié et accepté. Le lundi, je sors de prison et le mardi je commençais à travailler.»
La vie après la prison
Bien que préparé pour sa sortie, Roland reconnaît que ça a été difficile. Lui est toujours au Nouveau-Brunswick, alors que ses amis et sa famille sont au Québec. Mais l’homme est décidé à changer de vie, et tous les jours il travaille pour payer le loyer et l’université. «À l’époque, je gagnais 50$ par semaine.» Mais le travail en lettrage d’enseignes est aléatoire. Alors, il monte un atelier mobile pour se déplacer dans les petits villages, «là où les grandes industries n’allaient pas.»
C’est un fait, Roland Noël a changé de vie. Il a étudié, travaillé, voyagé… Avec une règle d’or, oublier les «amis» du pénitencier. «Un jour j’en ai croisé un à Montréal. Il voulait que je me joigne à lui sur un coup. Je lui ai donné un faux rendez-vous, et le soir même j’ai pris le train. J’avais peur de le recroiser.»
Aujourd’hui, Roland veut aider ceux qui sont en prison. «Si je peux sauver ne serait-ce qu’une minute à l’intérieur, c’est déjà bien.» Car, d’après lui, le système pénal ne fait rien pour aider les détenus. C’est à eux de prendre avantage de ce qui est à leur disposition: du temps. «La seule raison en dedans, c’est toi», conclut-il.
Roland Noël est un artiste peintre de plus de 50 ans d’expérience. Ses médiums sont multiples: la peinture à l’huile, l’acrylique, la sérigraphie,… autant de variété qu’il peut enseigner.
Roland débute la peinture à 20 ans en prison. D’abord comme un passe-temps, puis une passion qui lui permettra de gagner sa vie. Le Gaspésien peint particulièrement du surréalisme, «car le réalisme c’est pas assez intense et l’abstrait on n’y comprend rien.»
Actuellement, Roland rédige son autobiographie pour offrir son message aux prisonniers: «Profitez du temps qui vous est donné!»
Roland Noël est un artiste des Éditions TNT. N’hésitez pas à venir consulter ses toiles sur: http://editionstnt.com/artistes/peintres/roland-noel.
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