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Entretien : Alberto Broch préside la Confédération nationale des travailleurs de l’agriculture (Contag), qui se bat, avec près de 4 000 syndicats, pour la reconnaissance des droits des paysans.La concentration de la terre, sous la pression des transnationales de l’agrobusiness, est-elle le principal frein à la réalisation d’une réelle réforme agraire ?Alberto Broch Oui. L’appropriation de la terre est un problème universel et complexe. C’est vrai au Brésil mais également ailleurs où l’on assiste, comme en Europe, à des contre-réformes. Plus la terre est concentrée, plus il est difficile d’engager un processus de réforme. L’agrobusiness a eu pour conséquence une augmentation très importante du prix de la terre. Nous subissons un blocage idéologique sur tous les plans. Le pouvoir législatif, dans sa majorité, est contre la réforme agraire. Il y a par ailleurs d’immenses vides juridiques. Des centaines de milliers d’hectares sont toujours en litige, les dossiers étant bloqués dans les tribunaux. Le gouvernement fédéral montre également des limites, et travaille de manière très lente. Les armes de la lutte pour la réforme agraire sont inégales.Est-il possible de concilier l’industrie agrobusiness et l’agriculture familiale ?Alberto Broch Il y a de la place pour tout le monde. Les terres sont nombreuses pour que chacun puisse vivre. Mais les politiques publiques et les aides de l’État doivent être destinées à l’agriculture familiale.La Contag dénonce l’exploitation du travail esclave. Est-il possible d’estimer le nombre de victimes ?Alberto Broch Nous entendons par le travail esclave les interdictions faites aux salariés de sortir de leur lieu de travail, l’absence de revenus dignes et l’obligation d’être confiné dans les fazendas. Nous estimons que 12 000 travailleurs en sont victimes mais ce nombre est certainement plus important. Cela fait trente ans que nous dénonçons ce problème. Nous avons propulsé ce débat au sein du congrès national. Nous exigeons du ministère du Travail qu’il judiciarise les cas ainsi que l’expropriation des terres de ceux qui ont recours à ces immondes pratiques.A-t-on assisté à des changements sous les gouvernements de gauche de cette dernière décennie ?Alberto Broch Nous avons beaucoup avancé dans la conquête de politiques publiques sur le plan de l’agriculture familiale. Les politiques sociales ont permis à 40 millions de personnes de sortir de l’extrême pauvreté. Le pays a changé mais le Brésil a encore un long chemin à parcourir pour parvenir à la justice sociale. http://www.humanite.fr/lappropriation-de-la-terre-est-un-probleme-universel-549217#sthash.jDPOXjdB.MwXwfCUS.dpuf