Un film de Stéphane Robelin (2012 - Allemagne, France) avec Guy Bedos, Gérarldine Chaplin, Pierre Richard, Jane Fonda, Claude Rich, Daniel Brühl
Pas gai... mais utile.
L'histoire : 75 ans, 80 ans... Une bande de copains, amis depuis très longtemps, se heurte aux problèmes du vieillissement. Si le couple Jean et Annie s'en sort plutôt bien, Albert commence à sombrer dans Alzheimer tandis que son épouse cache à tout le monde qu'elle est condamnée à brève échéance et se commande en cachette un cercueil rose vif. Claude, veuf, sujet à de fréquentes alertes cardiaques, se voit contraint par son fils à aller en maison de retraite. Dévasté de voir ces vieux copains tant aimés s'apprêter à tomber dans un enfer terrestre, il propose que tous viennent habiter chez lui. Ils pourront s'entraider, s'épauler, dans une ambiance familière et bon enfant...
Mon avis : On voit de plus en plus apparaître des films de vieux. Avec la longévité accrue, mais hélas les soucis qui en découlent, en parler est urgent... car contrairement à ce que voudraient nous faire croire nos gouvernants, les octogénaires en pleine forme, c'est une vue de l'esprit. Alors le cinéma, étranger et français, commence à étudier ce thème, sans concession ni complexes. Mais forcément, ce n'est pas très gai... Car "la vieillesse est un naufrage", disait Chateaubriand, et on ne peut rien contre ça. Il faut donc inventer des alternatives, des solutions, pour vivre ça le plus élégamment possible.
Ici, la proposition est fort jolie : vivre ensemble, en petite communauté. Beaucoup mieux que ces mouroirs infâmes qu'on appelle désormais "résidences seniors" pour faire plus joli sur les photos. On est dans des lieux aimés, avec des personnes aimées, on s'entraide, on se soutient physiquement et moralement. Une très belle idée.
Certes.
Mais le film en lui-même n'est pas tip top. Il aurait fallu beaucoup plus d'humour et, avec Bedos au générique, je m'attendais à un texte plus caustique et plus mordant. Je n'ai trouvé nulle part qui avait écrit les dialogues. Vu leur platitude, je pense qu'ils ne sont pas de Guy, et c'est bien dommage... La réalisation est un peu mollassonne et souvent répétitive (casse-bonbon, les balades Brühl/Fonda érotico/philosophiques...).
Tout ça est gentil, mignon, souvent amusant, les comédiens sont tous irrésistibles et Daniel Brühl, en auxiliaire de vie (dévoué mais parfois exaspéré, bien vu !) apporte - ouf - un peu de fraîcheur. Mais le pathos l'emporte sur la comédie et je suis restée sur une impression de frousse et de déprime, plutôt que sur l'esprit "Ah c'est chouette de vieillir" !
N'empêche que l'intention est louable, l'idée jolie et que, plus on dédramatisera ce douloureux problème de société, plus on pourra l'aborder avec sérénité et un maximum d'imagination.
La critique presse est indulgente, mais certains n'hésitent pas à plomber l'ambiance : "Même si le film de Stéphane Robelin a le courage d'affronter certains sujets liés aux séniors (...) sur un ton plutôt léger et volontariste, son rythme un peu plat et certaines scènes convenues affaiblissent son propos" (Le Journal du Dimanche) ; "Une comédie gentillette, servie par des comédiens hors pairs... mais desservie par un scénario laborieux et scolaire, digne d'un exposé sur les seniors" (Les Fiches du Cinéma) ; "On aurait aimé se passionner pour les tribulations de ces gentils vieux marqués au fer rouge par mai 68. (...) Mais là où leur formidable envie de bouffer encore un peu la vie aurait du donner du souffle à la mise en scène, c'est plutôt l'arthrose qui guette" (Première).
Le public lui semble partagé entre la reconnaissance envers le réalisateur qui s'attaque à un sujet difficile et incontournable, et la nostalgie de voir ces grands acteurs qu'on aime tant au seuil de la grande vieillesse... ce qui ramène au coeur du sujet, très intime pour chacun d'entre nous, et ça fait mal.
C'est pourquoi... il fallait que Bedos, père et fils (deux générations, c'était idéal pour ce film) écrivent des dialogues toniques et croustillants !