Cette mobilisation était tombée après une journée de révision. Elle se finit après un peu plus de 30 jours de guerre. Des journées pleines de batailles parfois solitaires. Des combats pour la retenue, la vigilance, la mesure. Des combats pour garder l'espoir qui fait vivre, la vie qui s'échappe si vite, et la perspective qui permet de le raconter. Nous ne les avons pas tous gagnés. Nous avons fait de notre mieux.
Mon armée est à l'image de mon pays. Elle est vibrante, engagée. Elle est idéaliste. Elle est jeune. Aucun d'entre nous n'aime la guerre. Aucun d'entre nous ne rêvait de passer cet été mobilisé. Et pourtant, nous y sommes allés sans hésiter. Ceux qui nous racontent qu'Israël a perdu ses valeurs pionnières, que le sionisme est mort avec le kibboutz et qui pérorent sur un post-modernisme insidieux ont tort. Ils n'ont pas vu le plus beau de ce que ce pays peut donner, à l'heure où tout semblait justement si laid. Loin des films romantiques, la guerre est laide. Elle est pleine de peurs, de destruction, de violence et de larmes. Elle est d'autant plus dure que notre ennemi se cache parmi ses propres civils - pourtant aussi innocents que les nôtres. Ce n'est pas nier la situation à Gaza que d'écrire qu'à nous aussi, il nous faudra du temps pour retrouver une certaine normalité. Parmi nous, il y a encore des faiseurs de miracles. Il y a des poètes et des brutes épaisses. Mon armée est à l'image de mon pays: elle est imparfaite. Mais elle croit en l'avenir. De nouveau, j'ai été fière de porter son uniforme. Et impatiente de l'enlever. Parce que ça ne suffira pas de gagner cette guerre, il va falloir enfin gagner la paix. Nous allons y arriver. La situation serait désespérée s'il fallait se fier aux désespérés.