genre: drame, érotique (interdit aux - 16 ans)
année: 1976
durée: 1h55
l'histoire: Claude travaille dans un magasin où il est entouré de poupées. Un jour, il rencontre Marie, une orphelin de 17 ans, au visage couleur de porcelaine. Après être éperdument tombé amoureux d'elle, il la considère comme l'une de ses poupées et commence alors une étrange relation.
La critique d'Alice In Oliver:
C'est en 1970 que le cinéaste français, Joël Séria, se fait connaître avec son premier long-métrage, Mais ne nous délivrez pas du mal. A l'époque, le film déclenche un immense scandale puisqu'il est question de l'adolescence (et plus précisément de deux adolescentes) et du jeu dangereux de la perversion. Paradoxalement, certaines critiques évoquent l'un des meilleurs films français des années 1970. En tout cas, les fans de Joël Séria le considèrent comme son chef d'oeuvre absolu.
Evidemment, avec un tel premier film, Joël Séria s'est taillé une solide réputation. Il signera encore par la suite des films polémiques.
C'est par exemple le cas de Marie-Poupée, réalisé en 1976. Marie-Poupée constitue aussi le quatrième long-métrage de Joël Séria. Au niveau de la distribution, le film réunit Jeanne Goupil, André Dussolier, Andréa Ferréol, Bernard Fresson, François Perrot et Fanny Ardant.
En apparence, le scénario est assez simpliste et se résume en quelques lignes. Attention, SPOILERS ! Claude travaille dans un magasin où il est entouré de poupées. Un jour, il rencontre Marie, une orphelin de 17 ans, au visage couleur de porcelaine. Après être éperdument tombé amoureux d'elle, il la considère comme l'une de ses poupées et commence alors une étrange relation.
L'air de rien, Marie-Poupée évoque un sujet tabou, même encore aujourd'hui, donc presque quarante ans après sa sortie, à savoir le fétichisme. En résumé, il s'agit d'une excitation sexuelle causée par un contact visuel et/ou physique d'un objet. L'objet est ici représenté par une poupée.
C'est ce qui provoque l'excitation de Claude. De ce fait, ce dernier est à la recherche de jeunes femmes dont le physique et le visage lui rappellent ceux de ses propres poupées (je renvoie au synopsis). Visiblement, Joël Séria s'interroge sur la notion de perversion sexuelle. Déjà, dans Mais ne nous délivrez pas du mal, le cinéaste traitait du jeu dangereux de la séduction par deux adolescentes, qui s'amusaient à provoquer des pauvres hommes.
Toutefois, contrairement à Mais ne nous délivrez pas du mal, le scénario de Marie-Poupée ne se limite pas à seulement à un jeu pervers. Dans ce film à forte consonance érotique, il est aussi question de voyeurisme, de fantasmes et de soumission.
Jeanne Goupil est la vraie star du film. Visiblement, Joël Séria admire la jeune et belle actrice (il est vrai, sublime), au visage angélique. De ce fait, le cinéaste filme sous tous les angles la jeune femme. La nudité de Jeanne Goupil devient presque hypnotisante et troublante. Pourtant, sur le fond, Marie-Poupée reste avant tout une bouleversante histoire d'amour.
Hélas, dès les premières minutes du film, on sait que la romance entre Claude et Marie est déjà condamnée à l'avance. Le personnage de Claude (interprété par André Dussolier) fait penser au portrait du pervers sexuel en puissance. Certes, Claude n'a rien à voir avec un tueur en série ou un pédophile. Pourtant, cet homme en apparence tendre et sympathique utilise toujours le même stratagème: il séduit une femme qui lui rappelle ses poupées et l'utilise comme un simple objet.
Mais une fois la relation terminée, Claude trouve une nouvelle victime avec laquelle il va répéter le même rituel et le même processus. Finalement, même si le film ne l'évoque jamais, il est bien question ici d'impuissance masculine. L'air de rien, Marie-Poupée est un film plus complexe qu'il n'y paraît, assez déroutant dans l'ensemble, mais loin d'être inintéressant.
note: 13.5/20