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Retour sur mes premières amours avec un petit article de géographie: un problème bien breton que cela de l'artificialisation des sols. Depuis quelques années, la Bretagne est victime de son succès et se meurt des maisons secondaires. Parallèlement, l'envolée de la spéculation immobilière poussent certains ménages bretons à préférer construire. Autant de nouvelles maisons qui "mitent" le territoire. N'importe quel géographe me rétorquera que le mitage est une caractéristique bretonne, mais pas ce mitage là!
Aujourd'hui, la surface utilisée pour la construction d'une maison est nettement plus importante qu'auparavant. De même, les "gens" évitent le "trop plein de voisinnage" et construisent des maisons en plein milieu d'un terrain. Ce que nous autres appelions "le château et ses terres". D'un habitat breton sous forme de hameau, on passe à un habitat standard sous forme de raquettes (comme aux Etats-Unis). Résultat, la surface destinée à l'agriculture se réduit considérablement au profit d'une résidentialisation réfléchie en terme de zonage.
Le mitage a cet autre inconvénient qu'il génère une extension des infrastructures ce qui imperméabilise le sol, l'appauvrit (bétonisation) et multiplie le ruissellement (donc les inondations). Un ruissellement qui pourrait être évité par la reconstitution de boccages soit dit en passant.
En tant qu'apprenti géographe, je suis consterné par les politiques urbanistiques menés en Bretagne et j'appelle les élus (et notamment les maires détenteurs du permis de construire) à se former! Je suis frappé d'entendre que nous subissons une "pénurie de logement"! Certes, les divorces, l'accession des jeunes au logement, l'augmentation des personnes vivant seules (...) créé un besoin de logement, mais est-il si important que cela? La population bretonne n'a pas doublé que je sache? De même, l'argument selon lequel la Terre ne nourrit plus tout le monde est ridicule: la population mondiale n'a pas doublé en 10 ans...
Pour ma part, je considère qu'il n'y a pas une pénurie de logement comme au sortir de la guerre, mais une inflation des prix ce qui est nettement différent. En somme, il y a des logements, mais nous ne pouvons pas les occuper (trop chers)! C'est la raison pour laquelle les jeunes de l'UDB ont signé l'appel du collectif "jeudi noir" (voir ici).
Bref, l'artificialisation étant quasiment irréversible, je serai partisan d'un gel quasi-total des nouvelles zones urbanisables (cela éviterait la spéculation). Le risque est de voir le prix de l'immobilier continuer à grimper alors qu'il stagne aujourd'hui. Cette mesure devrait donc être accompagnée d'autres actions telles que la réquisition des logements vacants (en tout cas, forcer les propriétaires à louer s'ils n'occupent jamais la maison), la rénovation du bâti, la généralisation de la colocation pour les étudiants, la réduction du COS (coefficient d'occupation des sols)... Bref, tout ce qui permet une densification.
J'en ai assez d'entendre toujours la même rengaine: plus de logement social (comprenez construction neuve), plus de supermarché, plus de parking, plus routes, plus plus plus! Les enjeux environnementaux nous incitent à faire moins au contraire! Mais moins peut vouloir dire plus de confort! J'en suis, pour l'instant, la preuve. Simple question aux urbains: combien vous coûte une voiture par jour?
Source de l'image: IFEN