Un film de Franck Mancuso (2011 - France) avec Yvan Attal, Pascal Elbé, Valentina Cervi, Agnès Blanchot, Armelle Deutsch
Polar potable.
L'histoire : Stéphane Monnereau est flic à Paris, ses méthodes un peu brutales irritent fortement sa hiérarchie, et sa dernière opération par trop musclée lui vaut un blâme. Ca tombe bien, il comptait emmener sa femme et son fils en vacances une semaine, car madame est au bord de la crise de la nerf, vu le gougnafier qu'elle a épousé, qui ne s'occupe jamais de sa famille. Sur une route de Lozère, ils tombent en panne (pas fiable, les Volvo neuves). Ils se font emmener à la station la plus proche, où notre homme laisse son épouse seule (mais pourquoi donc) et repart avec son fiston et un garagiste pour aller dépanner l'auto. Quand ils reviennent, Madame a disparu... Fort de sa carte de police, Stéphane veut faire avancer l'enquête plus vite que la musique, en l'occurrence celle du gendarme local, irrité par cet homme prétentieux et colérique, qui pourrait bien être le coupable...
Mon avis : On ne veut pas se mentir, j'ai regardé ce film avec un certain intérêt. L'histoire, malgré quelques invraisemblances et une grande banalité (surtout dans son dénouement), se tient et on a envie de savoir où est passé Valérie. MAIS il faut savoir que cette oeuvrette tient beaucoup plus d'une production télé (et encore, il y en a des mieux) que du cinéma.
Cela ferait un bon épisode de Julie Lescaut, Une femme d'honneur ou autre Section de recherche... Mise en scène hyper scolaire, champ/contre-champ, un peu de caméra portée pour les poursuites, teinte bleutée, grain de pellicule médiocre ; scénario qui laisse supposer une affaire mystérieuse et qui débouche sur un truc hyper ordinaire (même si c'est pas cool) ; clichés, le flic qui a sacrifié sa famille à sa carrière, les bonnes fées qui se tiennent sur son passage (la belle-soeur, la dame qui tient les chambres d'hôtes...) ; le petit garçon, snif, dont le papa ne s'occupe guère ; la rivalité du policier parisien qui se la pète, face au gendarme de province que ça énerve ; le pauvre héros qu'on accuse à tort et qui doit mener l'enquête seul...
Et puis quel titre pompeux ! Rien que de voir ça, ça fait peur, non ?
Vachement original, comme plan
Bien sûr, je m'y attendais. Un bon polar français, c'est chose rarissime. Mais j'avais espoir. Et j'avais complètement oublié qui était Franck Mancuso. Ce matin, je (re)découvre qu'il est l'auteur du navrant Contre-enquête qui m'avait beaucoup déçue, dans lequel il dirigeait fort mal Jean Dujardin, ce qu'il répète ici avec Yvan Attal. Ce dernier était pourtant, pour moi un atout du film, c'est un acteur que j'aime beaucoup et que j'ai toujours plaisir à voir ; mais ici, il est agaçant au possible ! Son personnage veut ça, je sais, c'est un flic qui a négligé sa famille au profit de son boulot et il est plutôt antipathique. Mais la psychologie du bonhomme est si mal dessinée que cette impression reste jusqu'au bout. Aucune faille, aucune vulnérabilité, au contraire : des prises de risque insensées et une vraie tête à claques. Alors, un héros pour lequel on n'est pas en empathie, ça ne fonctionne pas...
Si la dernière image est là pour nous donner une note d'espoir sur la potentielle rédemption du gars après cette épreuve, moi je n'y crois pas du tout ! Il est trop buté, ce mec.
D'ailleurs, c'est ce que j'attendais et c'est ce qui m'intéressait dans cette histoire, l'évolution du personnage, c'est pourquoi j'ai sagement suivi jusqu'à la fin... J'étais même prête à mettre un 7 (je cogite déjà mes articles en voyant les films !), mais arrivée au bout, j'ai finalement trouvé que ça ne méritait pas ça.
Regardable, mais loin d'être passionnant. Un bon téléfilm, quoi.
Très curieusement - et sans méchanceté aucune - j'ai parfois pensé au Gendarme à Saint-Tropez ! Allez savoir pourquoi ! De Funès est autrement plus drôle que Pascal Elbé, et d'ailleurs celui-ci fait une honorable prestation. Mon cerveau reptilien, sans doute.
Quelques critiques indulgentes, et puis des plus vachardes, comme celle des Inrocks, qui rejoint ce que j'ai ressenti : "Un sentiment de déjà-vu (en beaucoup mieux) nous laisse très en retrait de toute cette agitation forcée, vaine pantomime de bonnes vieilles séries américaines type FBI : portés disparus. Pour le sens du réalisme et des dialogues, on ira plutôt chercher du côté de Julie Lescaut." ou celle du Point : "Résumé banal d'un scénario qui ne l'est pas moins, catalogue fatigant de scènes prévisibles. "RIF" est déjà ennuyeux alors qu'il vient juste de commencer. Le plus énervant est de sentir que personne ne s'est vraiment remué les neurones pour imaginer une piste dramatique nouvelle. Pis : les dialogues sont affligeants de mollesse."
Et le public dans l'ensemble a trouvé ça assez insipide.
Franck Mancuso, rappelons-le, a été flic pendant vingt ans et s'inspire dans ses films de faits réels. Mais, moi, les flics reconvertis en réalisateurs, j'ai du mal... Il leur manque une grande fibre artistique, tout de même.