D’abord, une réserve : ce jeu de mot qui fait passer de « naître » à « n’être » me semble assez vain. A moins qu’il faille voir ici le déplacement d’une apostrophe et que « Notre peur de n’être » doive être lu comme « Notre peur d’en être ». Car c’est plutôt dans ce sens que je vois évoluer ces personnages. Ils ne veulent pas en être, de cette société qui fabrique des solitudes à n’en plus finir. Ils ne veulent pas en être, de ce théâtre convenu qui fait semblant. Ils sont pris dans un jeu d’images, et nous le sommes avec eux, dans un cadre de néons blancs, derrière un écran qui produit du relief, des mouvements dont on apprécie, spectateurs, qu’ils nous surprennent. Des portes qui s’ouvrent et se ferment, des décors qui tournent, et peut-être finalement le vide, ou la boîte qu’on ouvre et qu’on ferme (salle de bain, métro, armoire, cercueil). Et des narratrices (des Parques ?) qui tiennent le fil de notre compréhension jusqu’au moment où elles décident de s’adresser aux personnages, comme certains romanciers interpellent leur héros. Ce sont des scènes où l’on se perd et où l’on se retrouve. Une tentative désespérée pour manifester de l’espoir. Un spectacle tel que je n’en avais jamais vu de pareil au point que je me suis demandé si j’étais au théâtre. Ou dans une forêt.
J'ai vu ce spectacle au Gymnase du Lycée Aubanel, à Avignon.