Cet été aura été une nouvelle fois l’occasion de découvrir une petite pépite, que je ne saurais trop vous recommander, et voici pourquoi.
De quoi ça parle ? (le pitch de la série) : Ian Mitchell, un avocat, époux et père de famille, trouve un matin une étrange boîte devant sa maison de Los Angeles. Dedans : un pistolet chargé, la photo d'un inconnu, et un mot lui annonçant qu'il a trois jours pour le tuer... (source : Allociné.com)
Les raisons d’y jeter absolument un œil (mon avis critique sur les 2 premières saisons) : CH:OS:EN est une production à petit budget produite par Crackle, qui constitue une sorte de Netflix, soit une plateforme Web proposant du contenu légal sur Internet. Il s’agit d’une production originale créée par Ben Ketai et Ryan Lewis, qui en rappelle d’autres : Breaking Bad, UTOPIA(déjà évoquée sur ce blog) et certains dramas japonais comme Liar Game. Quel est le point commun que je vois entre toutes ces productions ? C’est un budget assez réduit, une absence de moyens compensée par une certaine inventivité. Une attention particulière portée à la réalisation, afin de dissimuler le manque de moyens. Et le fait de faire basculer des personnages ordinaires, à la vie sans histoires, en les confrontant à des choix moraux difficilement surmontables, personnages dont on suit la transformation progressive à force d’épreuves. C’était le cas pour Walter White et son associé Jesse Pinkman, de Breaking Bad, et c’est également le cas pour les personnages principaux de la remarquable série UTOPIA. Ainsi, dans CH:O:SEN, Ian Mitchell et Laura Mitchell deviennent les victimes malheureuses d’un sinistre jeu, qui consiste à éliminer d’illustres inconnus, et à éviter d’être tué soi-même. Soit typiquement le type de sujet rencontré dans bon nombre de mangas, héritiers d’une logique « Battle royale », où l’on oppose des individus ordinaires en les poussant à se trahir jusqu’à parfois s’éliminer (voir entre autres les mangas Liar Game, Btooom !, Doubtou encore Judge). De cette conspiration de l’ombre aux ramifications insoupçonnées, aux contours mal définis, on ne saura finalement rien. En cela, la série rappelle les chef-d’œuvre paranoïaques du genre que furent, et même sont encore, Le Prisonnierou Nowhere Man/ L’Homme de Nulle part, qui proposaient également de confronter un individu seul à une organisation tentaculaire, partout et nulle part à la fois. Capable d’autoriser le meurtre de plusieurs individus sans que l’on ne sache les véritables raisons de tels meurtres. Capable d’avoir des agents dans toutes les sphères, aussi bien chez des secouristes que des policiers par exemple. S’agit-il de démontrer qu’il n’y a jamais de personne réellement innocente ? D’occuper les soirées de riches désoeuvrés fascinés par cette violence gratuite des meurtres commandités ? On nous explique à plusieurs reprises que les crimes sont filmés, qu’il y aurait des caméras partout, observant les personnages en permanence. Est-ce vraiment le cas ? C’est, peut-être, afin de ne pas laisser le spectateur sans réponses, ce qui semble être l’explication. En tout cas, et comme pour Le Prisonnierou Nowhere Man, la question du « qui ? » compte moins que le questionnement philosophique autour de l’Identité ou de la légitimité du crime posé par la série. Si la vie d’un de nos proches est menacée, peut-on se résoudre à prendre la vie de quelqu’un d’autre. Est-ce que le crime est rendu « légitime » pour autant ? Chacun répondra selon ses propres principes moraux, la limite fixée à ceux-ci. Le tout dans une ambiance délicieusement paranoïaque, ou les personnages principaux tout comme le spectateur est amené à se méfier de tout le monde. Avec un autre questionnement pour lui : en assistant aux nombreuses tentatives d’assassinats présentées par la série, n’est-il pas le complice involontaire de cette violence gratuite ? Ou bien n’est-ce pas lui, le fameux Watcher (terme polysémique pouvant désigner l’Observateur ou le Spectateur) ?
Pour en revenir à la série elle-même, si les personnages principaux peuvent sembler quelque peu stéréotypés, avec pour la 1ère saison le « héros », sa femme dont il est divorcé, leur fille, la secrétaire dévouée, le collègue-pote, etc… On ne peut pas en attendre plus du format de la série, constituée d’épisodes relativement courts, de 20 min (alors que le format traditionnel des productions britanniques et américaines consiste en des épisodes de 40 à 60 minutes en général). Ecriture un peu légère concernant la définition des personnages compensée par un aspect addictif, les cliffhangers intervenant au meilleur moment, la série étant écrite et produite afin d’être facilement marathonée / regardée d’une seule traite dans un délai relativement court. Concernant l’interprétation, elle est relativement bonne, et l’amateur de série retrouvera quelques noms connus, qui font le travail sans dénoter. Le personnage principal de la Saison 1 est interprété par Milo Ventimiglia, surtout célèbre pour sa participation à la série HEROES, et qui parvient à faire oublier d’ailleurs ici le Peter Petrelli de ladite série. Sa femme est interprétée par la belle Nicky Whelan, que l’on retrouve dans la série MATADORinitiée par Robert Rodriguez. La S2 sera l’occasion de croiser Brandon Routh, et tant qu’à parler du casting, on peut également mentionner les participations à la série de Rose McGowan (Charmed) ou encore Chad Michael Murray (One Tree Hll).
En résumé : CH:OS:ENs’avère une excellente surprise, une production qui joue de ses contraintes budgétaires pour développer un univers et une intrigue immédiatement addictifs. Conçue de toute manière pour être visionnée ainsi, il est difficile une fois commencée de ne pas enchaîner les épisodes, d’un format relativement court. Baignant dans une ambiance paranoïaque à souhait, il est difficile de ne pas penser lorsqu’on les connaît bien à d’autres séries emblématiques comme Nowhere Manou Le Prisonnier. Pour un coup d’essai, CH:OS:ENest une petite réussite.