Trois auteures à succès sur l’estrade dont deux sur trois, extrêmement prolifiques : Nathalie Roy et Amélie Dubois, vivant de leur plume, ce qui est remarquable alors, remarquons-le. Elles sortent tome sur tome, pressées par leur éditeur qui eux sont poussés par la demande des lectrices. Ce n’est pas rien. Elles y mettent beaucoup du leur, Nathalie Roy se dit directrice de marketing. Elle s’occupe du service avant, pendant et après vente, entretenant un lien privilégié avec ses lectrices. Même chose pour Amélie Dubois, son site est son lien précieux avec son lectorat. Tout ça fait partie de leur définition de tâches et elles semblent y prendre plaisir.
C’est par Rafaële Germain, la moins prolifique, (trois romans, pas de tomes, et pas de quatrième en vue) que j’ai fait connaissance avec la chick lit. Celle-ci nous a raconté que ça fait 10 ans que Gin tonic et concombre doit sortir sur grand écran, mais scénariste, c’est un métier qu’elle ne possède pas, ce que son éditeur n’arrivait pas à comprendre. Ce qui m’a frappée chez elle : son débit ultra rapide, sa lucidité, sa vivacité, ses réparties qui déjouent l’auditeur, ses parenthèses rigolotes. Bref, elle est de l’intelligence sur deux pattes. Ceux qui sont fans devront s’armer de patience, elle n’a pas de roman en vue, maintenant qu’elle vit en banlieue, est maman et a son homme.
Je ne connaissais pas du tout Amélie Dubois, native de l’Estrie (Danville) qui sort des tomes comme de petits pains chauds du four, à raison de deux par année. Écrivaine par accident, parce que recluse en Gaspésie pour enseigner, s’ennuyant de ses amies, elle a écrit ses deux premiers livres coup sur coup. Pourtant, ses études en psychologie et en criminologie la destinaient plutôt à régler des cas lourds. Je retiens qu’elle aime désamorcer les clichés, que ses personnages ne passent pas des heures à magasiner, aiment la pêche et la chasse. Son humour est amusant, un peu enfantin et sa répartie est franche et directe.
Je passe au dessert : Nathalie Roy et sa Charlotte Lavigne que je suis à lire. Moi qui considère la chick lit un genre noble, j’ai voulu comprendre pourquoi cet engouement. Son métier de journaliste l’a amenée à écrire. Elle est la seule à ne pas faire de plan, déterminant uniquement la fin du roman, le chemin pour s’y rendre va au gré de l’inspiration. Elle aime transcender les règles de rigueur journalistique qu’elle a dû respecter tout au long de sa carrière. Maintenant, c’est Charlotte qui mène.
Elles s’entendent pour dire que la chick lit est une quête de l’amour, de l’homme, chantée sur plusieurs octaves. La clé du succès serait de permettre à la lectrice de s’identifier à un personnage qui vit des situations similaires, en amour, mais dans diverses situations également. S’il n’était question que d’amour, elles n’obtiendraient pas le même succès, on s’en lasserait. Les histoires d’amitié sont omniprésentes, ce que chacune n’a pas manqué de souligner, ensuite l’héroïne, qui n’en est pas une puisqu’elle pourrait être vous, est plantée dans des univers qui ressemblent à la créatrice. Par exemple le personnage de Nathalie Roy aime la bouffe, la télévision, deux univers qu’elle connait bien.
C’est une littérature joyeuse qui aide à évacuer nos quotidiens astreignants. Le personnage se met dans des situations abracadabrantes mais s’en sort (pas toujours dans le cas d’Amélie Dubois … à voir). Une chose est certaine, ces trois auteures éprouvent un plaisir fou à écrire et, d’après moi, la lectrice le capte. Nous avons tous besoin de joie et de plaisir dans la vie. Ce genre à part entière est un phénomène populaire et tout ce qui est populaire reflète qui nous sommes.
C’est curieux, après le Café sur l’écriture de soi d’hier, c’est devant ces trois auteures que j’ai réalisé le plus nettement l’absence de filtres entre elles et leur personnage principal et c’est de leur bouche que j’ai le plus clairement entendue qu’elles s’inspirent sans vergogne de leur entourage pour décrire les mésaventures de la vie.
En arrivant, une primeur aux Cafés des Correspondances, on nous offre un verre de mousseux. C’était gentil mais en avions-nous eu vraiment besoin avec ses pétillantes personnes ?