Mitch ZoSo Duterck.
Patti Smith - Brussels Summer Festival - 2014.08.08
Setlist :
01. Dancing Barefoot.
02. Redondo Beach.
03. Fuji-san.
04. Ghost Dance.
05. My Blakean Year.
06. Beneath The Southern Cross.
07. Pissing In the River.
08. Because The Night.
09. Horses.
10. Gloria.
11. Banga.
12. Babelogue/People Have The Power.
13. Rock´n'Roll Nigger.
Il y des des jours comme ça, des jours où un petit je ne sais quoi déclenche automatiquement une association d'idées et d'images, un petit truc qui ouvre à nouveau des portes cérébrales dont on
avait oublié l'existence. Ce vendredi soir ne fait pas exception à la règle et c'est le ciel plombé charriant des nuages gorgés d'eau mais surtout, une Patricia Lee Smith, bras levés dans un
signe de triomphe et saluant la foule qui fait ressurgir à mes yeux le même ciel. Le mien c'est celui du 21 juillet 1969, nous sommes à Paris. La légende de la photo indique "ciel sombre mais
sourire radieux".
Patti Smith c'est un peu la même chose, la native de Chicago porte ses 67 ans comme un maillot jaune. La poétesse du Punk-Garage New-Yorkais a tout gagné. Là où d'autres se sont contentés de
beugler "No Future" comme des veaux en mal de petit lait, Patti a toujours eu quelque chose d'intelligent à dire et à chanter avec cette voix tellement
particulière qui fait qu'on la reconnaît dès la première syllabe.
Plus les années passent et plus elle se fait revancharde, revendicatrice, presque chamanique. Ses textes sont beaux, il en va de même de ses poèmes pour ceux d'entre vous qui avez lu ses
écrits.
Le concert commence par une double attaque menée en dansant "Barefoot" sur "Redondo Beach" les fantômes de "Easter" ne sont pas loin. La grande prêtresse, pour qui la mode vestimentaire à autant
d'importance qu'un coquelicot dans une fumerie d'opium, occupe, mange le devant de la scène, un bonnet vissé sur le crâne lui descend à la limite des yeux. Veste de costume achetée pour 7 euros
le matin même aux puces de la Place du Jeu de Balle, un Jean informe et une paire de boots fatigués complètent l'ensemble, la rendant aussi désirable qu'un camembert d'Isigny oublié sur un appui
de fenêtre.
On s'en tape après tout, c'est son choix à madame Fred Sonic Smith défunt guitariste du MC 5 à qui elle dédie "Because The Night", une chanson écrite par Bruce Springsteen himself. On vient
l'écouter Patti, ceux qui veulent de la bidoche en chaleur peuvent toujours connecter leurs smartphones au réseau 4 G pour y voir se trémousser Rihanna, Britney ou autres Lady qui rendent
complètement Gaga.
Flanquée de son fidèle Lenny Kaye à la guitare Patti harangue, explique, revendique, revient, convainc, convient, qu'on vient la voir et participer à une sorte de grand Pow-Wow Sioux. Si parfois
on croit que le décrochage va avoir lieu, si on pense que la communion va être brisée, le morceau s'emballe comme par magie et Patti nous reprend tous en main pour nous emmener encore plus
loin..."Horses", " Gloria" jusqu'aux aboiements furieux de "Banga".
"Jimi Hendix is a Nigger" proclame t-elle poing levé "People Have The Power" nous a- t-elle répété avec conviction. Une heure vingt plus tard, la messe est dite. C'est frustrant mais c'est le
format festival qui veut ça.
À bientôt et merci encore Madame, avec un grand "M"...