Monde coloré, lumineux de notre enfance et qui ne bouge plus que dans nos rêves car les souvenirs se patinent, s'étiolent, s'anamorphosent. La fête foraine, lieu provisoire et permanent, pays de cocagne. Tous s'y envole dans le jeu, l'insouciance, la foison des clartés du monde enfantin avec ses jouets géants, ses peluches vivantes, ses ivresses tourbillonnantes et ses ciels si profondément bleus. On y retourne sans cesse, même si tout s'estompe peu à peu, se fige, devient théâtre d'ombres. Goûts, couleurs, sensations, frémissement des plaisirs naissants. Nous gardons de la fête foraine toujours cette nostalgie d'un creuset de petites folies, de petits plaisirs, ces morceaux épars de minuscules joies qui tissent notre moi profond en un fil si ténu et qui portant nous rapproche tant de l'enfance, de notre enfance. Comme un cordon ombilical jamais coupé, celui de la poésie du temps perdu.