J'ai repris les notes écrites lors d'une mission, il y a dix ans. Je veux en faire un cas. C'est un cauchemar. Un comportement suicidaire collectif. Une sorte de gigantesque dilemme du prisonnier. Chacun est aveuglé par son intérêt, au détriment de l'intérêt collectif. Tout est ridicule. Des têtes à claques ! Un moment, je crois avoir endigué la crise. Une décision incompréhensible de dernière minute. Et c'est un désastre inconcevable. J'assiste impuissant à la catastrophe. Or, au moment où je suis convaincu que tout est perdu, c'est l'exploit. Les ennemis d'hier se mettent à travailler ensemble. Et ils trouvent le moyen de faire, selon moi, un miracle.
Au fond, cela confirme ma modélisation du comportement français. Le Français obéit à un double mode : dysfonction, exploit. La dysfonction lui permet de défendre sa liberté. Il est capable d'exploit quand il juge la patrie (= intérêt collectif) en danger. Et que tout le monde est traité de la même façon. Ce que l'on peut aussi traduire par le fait que le Français peut-être d'une formidable connerie, et d'une admirable grandeur.
C'est ainsi que Bismarck nous a détruits. Il a joué de notre stupidité. Et nous-nous sommes jetés dans la gueule du loup. C'est aussi pourquoi la France est une vaincue du libéralisme, et que les entreprises se sont vidées de leurs meilleurs éléments. Il n'en fallait pas beaucoup pour que nous nous comportions comme des têtes à claques. Motif de licenciement, dans l'entreprise, et de dévalorisation, à la Bourse.
(Je me demande s'il n'en est pas de même en Ukraine. Le monde anglo-saxon joue sur la connerie russe, pour gagner la guerre froide ?)