On croirait voir arriver une vague de sang. Une marée rouge, un tsunami de 888.245 coquelicots déferlant de la fenêtre dans une douve de la Tour de Londres. L’installation spectaculaire est le fruit de l’imagination de l’artiste-céramiste anglais Paul Cummins, en collaboration avec le décorateur de théâtre Tom Piper. Cette spectaculaire et émouvante mise en scène est intitulée : « Blood Swept Lands and Seas of Red » (« Le sang a balayé de rouge les terres et les mers »).
Chaque coquelicot de céramique représente un militaire de l’Empire britannique décédé pendant la Première Guerre mondiale. L’installation de l’œuvre d’art évolutive est assurée par une équipe de volontaires depuis quelques semaines. La première pièce a été posée le 17 juillet par Crawford Butler, le plus ancien « Yeoman Warder » (garde d’apparat de la Tour de Londres) en service. La dernière fleur sera « plantée » le 11 novembre prochain, jour de l’Armistice et du Souvenir, en Europe et dans les pays du Commonwealth. Les pièces uniques en céramique de Paul Cummins seront ensuite vendues, 26 £ (environ 30 €) l’unité, au profit d’associations caritatives en lien avec les forces armées du Royaume-Uni.
Pourquoi tous ces coquelicots ?
Le coquelicot ou « poppy », comme les Anglais l’appellent, poussait abondamment dans les champs des Flandres au début du XXe siècle. C’est la guerre qui aura favorisé leur pousse, les bombardements emportant poussière et chaux dans les tranchées. L’image fut surtout renforcée, en 1915, par le célèbre poème In Flanders Fields, du lieutenant-colonel John McCrae, qui combattit dans les tranchées d’Ypres en Belgique. C’est l’Américaine Moina Michael qui émit alors l’idée d’utiliser le coquelicot comme symbole de mémoire et prit l’engagement personnel de toujours arborer l’emblème, ancrant définitivement la tradition.
Bien sûr, la couleur vermeil de la fleur de pavot rappelle aussi le sang qui s’est écoulé pendant les longues années de combat.
La tradition demeure avec les années et, un siècle plus tard, les fleurs en papier sont toujours portées à la boutonnière des Britanniques pour célébrer la mémoire des combattants tombés pour la patrie.
Sources : Daily mail