Partie avant de la comète photographiée par Rosetta le 6 août à seulement 96 km de sa surface
Après dix années de voyage, la sonde spatiale Rosetta est arrivée à destination, le 6 août.
« Après 10 ans, 5 mois et 4 jours de voyage, 5 passages à proximité du Soleil et 6,4 milliards de km parcourus, nous avons le plaisir d’annoncer que notre but est enfin atteint. La sonde européenne Rosetta est désormais le 1er véhicule spatial de l’histoire à avoir effectué un rendez-vous cométaire, ce qui constitue un jalon majeur dans l’exploration de nos origines. C’est maintenant que les découvertes vont vraiment commencer ! » Jean-Jacques Dordain, directeur de l’ESA.
Dix ans après son lancement de la Terre et quelque 6,4 milliards de km parcourus dans notre système solaire, la sonde spatiale Rosetta (ESA) est enfin arrivée à destination : la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko surnommée « Chury ». Ce mercredi 6 août 2014 est une date historique dans l’histoire des sciences et celle de notre compréhension de ces astres chevelus (coma, kometes) et glacés. Souvent interprétés, rappelons-le, comme des mauvais présages, elles ne cessent de nous intriguer, aussi cette mission doit-elle faire provision de données et révéler leurs secrets. Renferment-elles les ferments de la vie sur Terre (acides aminés…) ? Sont-elles à l’origine des océans ?, etc. Pour tenter de répondre à ces questions, la sonde spatiale européenne, nommée en référence à la pierre de Rosette, entame donc, dès à présent, son enquête. In situ, de surcroît car, en effet, Rosetta déposera le 11 novembre prochain, l’atterrisseur Philae, qu’elle a convoyée jusque là. Une tâche qui, comme on peut l’imaginer, s’annonce très délicate, au regard de cette surface glissante et très accidentée, caractéristique. Longue d’environ 4 km, sa taille est légèrement inférieure à celle du mont Blanc.
Relief du noyau de la comète photographié avec la caméra OSIRIS de Rosetta à 130 km de sa surface
Après 10 manœuvres qui l’ont progressivement ralentie depuis son réveil, le 20 janvier dernier, la sonde spatiale est maintenant à seulement 100 km du noyau de la comète qu’elle précède, par ailleurs, avant de s’en approcher ultérieurement jusqu’à 10 km (puis 5 km) de sa surface. Elle est ainsi passée d’une vitesse de croisière de 775 m/s à seulement 1 m/s ! À présent, tous deux voguent de concert dans notre système solaire interne, à une vitesse moyenne de 55 000 km/h, en direction du Soleil. Empruntant une orbite elliptique de 6,5 ans, elle sera au plus près de notre étoile (périhélie), le 13 août 2015 (environ 200 millions de km sépareront alors les deux astres). La comète fut vraisemblablement perturbée gravitationnellement au cours du siècle passé par la planète géante Jupiter qu’elle côtoie régulièrement.
67P/Churyumov-Gerasimenko photographiée par NAVCAM de Rosetta, le 5 août à 145 km de son noyau
Le 6 août, « Chury » et le petit satellite artificiel qui l’accompagne était à environ 22 minutes-lumière de nous, soit 405 millions de km. N’oublions pas qu’au fur et à mesure qu’elle se rapproche du foyer solaire, sa structure va se modifier, ramollir, en partie fondre et se remodeler. Rosetta sera aux premières loges pour étudier tous ses dégazages et sublimation des grands volume de glace qu’elle contient. Un astre fascinant qui a accrété les éléments présents dans la nébuleuse primitive, voici plus de 4,5 milliards d’années. Ce qui intéresse notamment les chercheurs sont les molécules préservées des radiations solaires depuis tout ce temps. To be continued…
Animation de l’approche de la comète les jours précédents le rendez-vous de Rosetta le 6 août à 100 km
Crédit photo : ESA.