En gros titre : "l'étreinte [dont elle rêvait]"
Les
retrouvailles entre la famille maternelle, la grand-mère (Estela de Carlotto, ci-dessus) et les
oncles et tantes, avec Ignacio Urban, qui devrait s'appeler Guido
Montoya Carlotto, font du bruit dans tous les journaux argentins
aujourd'hui. La rencontre s'est produite à l'abri des regards hier
dans l'après-midi et a duré six heures. Viendra ensuite la
rencontre avec la famille paternelle, la grand-mère de 91 ans vit
actuellement en Patagonie.
Le
bruit médiatique autour de l'affaire a provoqué de très nombreux
appels au siège de l'association Abuelas hier dans la journée :
environ trois cents personnes qui souhaitent faire des analyses ADN
pour savoir si elles ne sont pas les enfants d'un disparu.
C'est
évidemment un effet bénéfique car, pour retrouver les quatre cents
personnes qui restent inconnues, il faut que le maximum
d'individus nés entre 1977 et 1983 se manifestent et acceptent que
leur profil génétique soit croisé avec les données de la Banque
des données génétiques qui rassemblent les ADN de toutes les
familles en recherche d'un enfant né sous la dictature et dont on a
perdu la trace après la naissance ou les premières années de vie.
Aujourd'hui encore, les
journaux accordent beaucoup d'espace dans leurs éditions aux
développement de ces événements. Vous pouvez consulter ces quatre quotidiens en vous
rendant sur leur site Web dont vous trouverez les liens dans la
Colonne de droite, sous la rubrique Actu (en partie inférieure).
Mais
c'est La Nación, un journal qui regardait toute cette lutte des
droits de l'homme avec réserve jusqu'à il a peu de temps (1),
consacre un article aux nombreux appels reçus par Abuelas depuis
l'annonce de la nouvelle.
C'est ce que Miguel Rep, peintre, caricaturiste, militant démocratique et journaliste à sa manière, avait pressenti hier dans son dessin pour Página/12, avec ces deux hommes et ces deux femmes, perdus dans une foule, et se demandant s'ils n'étaient pas eux-mêmes le 115ème petit-enfant à identifier.
Aujourd'hui, le dessinateur, partageant sans doute l'euphorie de l'heure, se lâche avec un dessin très drôle, qui n'a rien à voir avec l'histoire (encore que...) et qui m'a fait mourir de rire ce matin, quand je faisais rapidement ma revue de presse quotidienne. Comme l'heure est à la joie, malgré les fonds vautour et leurs âmes damnées à New-York, je vous le traduis : c'est juste des jeux de mots gratuits, pour le fun !
Tout et Rien
Tout est une chatte
Rien est un chat
La Tout et le Rien
Tout et Rien s'aiment
et ils ont [donné naissance à] Presque et à Plusoumoins
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Ici, en Europe, la nouvelle est diffusée à petite dose et avec des approximations inouïes. Je me demande comment on peut encore parler d'une information digne de foi dans ce cas et si seulement c'était la première fois que j'entendais des sottises concernant l'Argentine et l'Uruguay (et je suppose qu'il doit en être de même pour tous les autres pays de l'Amérique Latine). (1) D'abord parce que les ONG étaient les adversaires irréductibles d'un régime que le journal n'avait pas vraiment combattu, ensuite parce qu'elles sont très proches de l'actuel gouvernement, qui mène depuis 2003 le combat judiciaire pour que les crimes de la Dictature soient effectivement sanctionnés, après divers procès suivis de lois d'amnistie, dans les années Carlos Menem (1990-1999), qui ont de fait permis à différents coupables d'échapper à la Justice.