Bienvenue au club est une fresque sociale, historique et culturelle des années 70 en Angleterre. On y suit un groupe d’amis, lycéens dans un établissement privé, rêveurs, musiciens, écrivains, journalistes en herbe, qui découvrent les filles, la musique punk et les soirées alcoolisées. Avec beaucoup d’humour et d’ironie, Jonathan Coe nous fait partager un temps le quotidien de ces lycéens qui montent des groupes de musique, passent leurs examens, sortent avec des filles et se racontent avec moults éclats de rires les dernières blagues d’Harding, le clown du lycée. Benjamin va-t-il réussir à se faire connaître de Cicely, la bombe de l’école de filles d’à côté ? Et Lois trouvera-t-elle l’homme de ses rêves dans les petites annonces d’un journal ?
Benjamin, Doug, Philip, Claire et compagnie s’interrogent à peine sur le monde qui les entoure et les événements qui déchirent l’Angleterre. Car derrière leurs petites histoires innocentes, on entrevoit aussi, notamment à travers leurs parents délégués syndicaux ou chargés du personnel, les grandes grèves qui paralysèrent certains secteurs dans les années 70 quand les travailleurs se battaient contre le capitalisme, les patrons, les injustices sociales. Les manifestations pacifiques sont rapidement maitrisées par des policiers qui matraquent à tout va.
Ce que l’on retient aussi de ces années-là, c’est la montée de l’extrême-droite et du racisme en Angleterre : Eric Clapton ivre lors d’un concert en 1976 soutient publiquement Enoch Powell, homme politique convaincu des dangers, pour l’Angleterre et les Anglais, de l’immigration. Margaret Thatcher reprendra d’ailleurs certaines de ses idées. Steve Richards, le seul élève noir du lycée, est appelé "Banania" par ses camarades. Des tracts racistes sont diffusés dans les entreprises. Ce sont à travers c’est quelques éléments perçus par notre groupe de lycéens, que l’on se rend compte de l’ampleur de la haine raciale qui se propage.
La haine raciale touche également les Irlandais : nous sommes en plein conflit qui ne veut pas s’appeler guerre et les bombes explosent, les morts touchent de près nos lycéens qui entendent alors parler de l’IRA.
Jonathan Coe réussit à merveille à faire de Bienvenue au club à la fois un tendre et drôle roman d’apprentissage et une critique sociale de l’Angleterre des années 70, pays en mutation en proie à de nombreux conflits. Je vous le conseille absolument ! J'ai également apprécié les variations de types de textes dans le récit : Jonathan Coe insère des articles du journal du lycée, des retranscriptions d'interviews, des lettres...
C’est le premier tome d’un dyptique et la suite, Le Cercle fermé, reprend le fil du récit dans les années 90. Voilà un autre livre qu’il va falloir que je me procure au plus vite.