Le Pasteur Marco, qui représente l’Église Unie à Montréal, dans l’arrondissement de Verdun, nous en dit plus sur son Église et sa relation avec la communauté lesbiennes, gays, bisexuels et trans (LGBT).
Sophie Laisney: Sur quel principe se fonde l’Église Unie?
S.L: Êtes-vous critiqués par d’autres Églises?
P.M: En tant qu’Église «à contre-courant», on s’est fait harceler par beaucoup d’autres Églises. On s’est fait envoyer en enfer! Ce qui est assez particulier, car Jésus se serait certainement associé à la cause LGBT, car il a toujours approché dans son ministère les marginalisés de son époque pour enlever le stigmatisme social qui entoure ces exclus (les lépreux, les malades, les femmes ou les samaritains -les musulmans de nos jours-). Donc, il aurait selon moi, sans doute voulu démystifier les exclus de la communauté LGBT. Concernant cette communauté, il y a en effet des dénominations plus conservatrices dans les Églises baptistes ou les Églises évangélistes. Nous n’avons aucun contact avec eux et je pense que nous n’en aurons jamais. Et ils n’auront probablement pas d’ouverture à la communauté LGBT, en tout cas pas dans les prochaines décennies. Par contre, nous avons de bien meilleures relations avec l’Église anglicane qui est aussi très ouverte sur la justice sociale. Nos Églises sont en communion.
S.L: Globalement, est-ce que vous constatez une ouverture des religions face aux diversités sexuelles?
S.L: Le public a très peu d’échos des ouvertures religieuses. Pourquoi?
P.M: On ne veut pas entendre parler de religions libérales. On veut entendre parler des sectes, de la femme qui est emprisonnée chez elle par son mari. On ne veut pas entendre ce que l’Église Unie fait, mais de ce que l’Église catholique ne fait pas. Les prêtres ne peuvent pas se marier, les femmes ne peuvent pas être ordonnées dans l’Église catholique, mais cela, l’Église Unie le fait, et on n’en entend pas parler. Ça ne fait pas vendre les journaux.
S.L: Vous utilisez beaucoup les nouveaux médias (Youtube, Facebook) pour faire passer le message de l’Église. Pour quelles raisons?
P.M: Il faut utiliser les médias de notre temps pour être capable de rejoindre les gens. Les réseaux sociaux apportent l’opportunité de rejoindre le plus grand nombre. Cela apporte une vision plus saine et plus libre de vivre sa foi.
Mais on gère ces réseaux sociaux de très près, car il peut y avoir facilement des débordements. Nous avons dû «supprimer» beaucoup de personnes de nos pages, car elles revenaient continuellement sur Facebook et sur Youtube pour nous démolir complètement avec des propos ancrés dans l’ignorance. Sur la plupart de nos vidéosYoutube, l’option des commentaires est désactivée parce qu’on a eu notre lot de commentaires négatifs.
Au Québec et de façon plus générale, actuellement, il y a une forte ignorance religieuse. On ne connait pas l’Islam, le Christianisme ou le Judaïsme. Tout est mis dans le même panier, et une sorte de propagande «pleut» sur les réseaux sociaux. Par exemple, il y en a beaucoup qui croient que la foi, c’est juste des rituels à faire. Mais la foi, c’est bien plus profond que ça. Mes vidéos sont des entrevues qui veulent montrer différentes facettes d’un aspect méconnu de la religion pour diminuer les préjugés. Le plus gros de mon travail c’est la démystification. Il faut informer les gens qui sont «désinformés».
S.L: Est-ce que l’Église Unie a créé des partenariats avec les organismes LGBT?
P.M: Il y a une dynamique de méfiance des gens à l’encontre de l’Église, y compris des organismes LGBT. L’Église Unie a tenté de s’unir avec des associations, mais il n’y avait jamais de suite. Les partenariats n’ont pas abouti. Il ne faut pas oublier que l’Église a été très «instrumentale» dans l’homophobie.
Dans mon Église (l’Église Unie la Passerelle) et de façon plus générale, on essaie de créer une démystification de l’homosexualité. Pour l’instant, il n y a pas de partenariat et ça me surprendrait que ça arrive. Sur la page de l’Église La Passerelle, on fait malgré tout la promotion de l’association GRIS-Montréal (Ndlr:Groupe de recherche et d’intervention sociale), par exemple. On essaie d’être un soutien dans les actions ou les levées de fonds, autant qu’on peut le faire et avec les moyens qu’on a. Mais ce n’est pas parce qu’on ne crée pas de partenariat que nous ne sommes pas unis par le même but : la diminution des discriminations.