Le cygne est un animal européen qui possède en lui quelque chose de mystique si ce n'est parfois dramatique. Sous leur apparence élégante de plumes blanches, ils peuvent tout aussi bien incarner le mal ou la vengeance. C'est surtout de ça dont se sont souvenus les habitants de Bruges à la fin du Moyen Age.
L'oiseau de la vengeance
Il faut pour cela revenir en l'an 1487 à l'époque où le jeune empereur Maximilien d'Autriche régnait sur le Saint empire romain germanique. S'étant marié à Marie de Bourgogne, leur fils allait hériter de la Belgique mais encore trop jeune était-il et son père devenait le régent. Sous son règne et pour de multiples raisons sur lesquelles je ne m'épancherai pas aujourd'hui, il fut haï des villes flamandes, entre autres Gand et Bruges. C'est sur cette dernière que je vais m'arrêter le temps de notre légende car la cité drapière lui a fait vivre un véritable enfer. En effet, notre cher Maximilien était considéré comme une sorte de despote et sa nomination au comté de Flandre ne plaisait guère, lui qui voulut saigner la ville à coups d'impôts. Il décida d'envoyer de nombreux collaborateurs à Bruges. Mais on ne plaisante pas avec les Flamands qui n'attendirent pas une seule seconde pour faire montre de leur caractère bien trempé. En effet, ces derniers emprisonnèrent les envoyés du comte dans la maison Craenenburg sur la Grand Place, les torturèrent et les décapitèrent. Le plus célèbre est Pierre Lanchals, un fidèle dévoué de Maximilien. Même Maximilien fut fait prisonnier, une bien belle prise en ces temps de guerre.
Maximilien, un homme pas très sympa
Fou de rage lorsqu'il apprit la nouvelle, l'empereur voulut mater et rendre hommage à celui qui avait péri pour combattre sa noble cause. Le nom de Lanchals, si on le traduit signifie "long cou" et les insignes de l'empereur n'étaient autre que les cygnes. C'est ainsi que les Brugeois eurent pour châtiment de devoir entretenir pour l'éternité ces oiseaux afin d'expier leur péché à tout jamais. Lorsque vous longerez les canaux maintenant, pensez à cette vieille légende car ce dont s'ennorgueillissent les Brugeois, c'est bel et bien du verdict d'un crime.
Bruges enchaînée à tout jamais à ses cygnes