Roman - 200 pages
Editions Fayard - janvier 2014
Sybille, actrice à Paris, mère de 2 enfants, va se lancer dans un premier projet de réalisation. Pas seule bien sûr. Elle est aidée, encouragée, bientôt produite par Gundrund et son frère Blaise. Des pros du métier apparemment. Des producteurs en or paraît-il. Alors elle se lance corps et âme dans l'écriture, puis la réécriture, puis le remaniement du scenario, sur les conseils de ses mentors, et au grand désespoir de son mari. Non, elle n'a pas consciente d'être manipulée, de se faire avoir, de s'engager sans garantie. Elle espère et se convainc que tout finira pas se faire, par aller, par réussir. Elle n'a pas le choix que de faire confiance et de bosser en s'enfermant pour ne pas que son fils la dérange... Et éviter le burn-out et la dépression qui gagnent dans ce milieu professionnel où nagent tant de requins, d'incompétents et de lunatiques.La plume de Sylvie Testud m'avait enchantée avec ses romans précédents (Gamines). Cette malice, cette vive intelligence, cette tendresse sincère, je ne l'ai pas retrouvée dans C'est le métier qui rentre. On imagine évidemment que la part autobiographique de cette épisode de vie de jeune femme se lançant dans la réalisation est importante. En témoigne également la photo choisie pour la première de couverture. Et comme l'affection portée à Sylvie Testud est réelle, on lit le récit en l'imaginant vulnérable et volontaire, dans cet univers parfois impitoyable. Son regard naïf, frais, désabusé, et parfois révolté, nous apprend certains travers, certains pratiques du secteur cinématographique, et nous réserve quelques anecdotes pleines d'humour.
Extrait :"Tout le monde y va, à Cannes. N'importe quelle secrétaire de n'importe quel cabinet de dentiste, d'ophtalmo, qui a croisé un mec du bureau des accréditations, y va. N'importe quel figurant dans un film à trois entrées, il se démerde pour y aller. Même ma voisine, la manucure à domicile, je ne sais pas à qui elle lime les ongles, mais elle va au Festival tous les ans. Elle se trouve une robe de chez "Goût de chiottes" chez les Chinois, et elle les monte, les marches. Je peux te dire, les photographes, ils appuient sur le déclencheur pour elle comme pour les autres. Tout le monde a tellement peur de rater la moindre miette. Pffff... C'est pitié de les voir tous brandir leur carton, pour rentrer à huit cents dans un endroit adapté à la moitié. Ils espèrent quoi ? Signer un contrat avec le dernier qui a monté les marches. Tu parles, à cette heure-ci, le pauvre gars, il est beurré comme un Petit Lu. Pffff, pour un vieux bout de terrine qui traîne, t'en as, ils vendraient leur mère..."Mais au fil de la lecture, la déception nous gagne tant on sait pouvoir s'attendre à mieux, plus brillant, plus fin, plus acerbe de la part de la plume de Syvie Testud. C'est au final un récit assez fade qui nous montre à voir une femme engluée dans un projet sans avenir, se raccrochant désespérément à l'espoir d'une reconnaissance par ses pairs, oubliant libre arbitre et famille dans une course effrénée.
L'avis de Chocoladdict - Chroniques d'une Chocoladdict
L'avis de Filou49 - Baz'Art