Les auteurs dressent le portrait attendrissant d’une mère-courage qui remue ciel et terre pour récupérer son fiston. Au fil des pages et d’un voyage regorgeant de dangers et de rencontres surprenantes, le lecteur s’attache inévitablement à ce petit bout de femme qui allie courage et naïveté. Armée d’une obstination maternelle à toute épreuve, cette héroïne atypique ne manque en effet pas de séduire.
Cette quête humaine jonchée d’obstacles sert également de prétexte pour s’intéresser au conflit intestin qui oppose la mère Russie au peuple tchétchène. Si l’auteur ne manque pas de pointer du doigt l’absurdité de cette guerre civile, tout en intégrant des éléments historiques, tels que ces femmes snipers évoquées dans le titre et auxquelles un bonus de plusieurs pages est consacré en fin d’album, l’ancrage historique se retrouve très vite en arrière-plan de cette incroyable aventure humaine. L’innocence de cette maman particulièrement attachante et les cabrioles de son petit chien contribuent également à insuffler un brin d’humour au récit, atténuant ainsi l’horreur de cette guerre que l’auteur décrit de manière non partisane, la barbarie n’étant pas le fruit d’un seul des deux camps.
Visuellement, le dessin semi-réaliste d’Anlor accompagne avec brio le scénario de Ducoudray. Proposant des personnages expressifs et hauts en couleurs et restituant avec grande efficacité les décors dévastés par le conflit, la dessinatrice livre un véritable sans-faute.
Vivement la conclusion de ce récit qui mêle émotions et action sur fond historique.
Retrouvez cet album dans mon Top de l’année et dans mon Top du mois.