«Je suis une survivante.» VéroniKaH est anorexique depuis 35 ans et elle fait partie des 3% de cas chroniques. Il faut en moyenne 4 ans pour soigner une personne anorexique, et au-delà de cette durée, on parle de chronicité.
Louise Marchand Dossier Santé, Anorexie
Malgré que VéroniKaH vive avec sa maladie depuis de nombreuses années, elle est mariée, mère de trois enfants et se dit épanouie. Elle est l’auteure de Ce qui ne tue pas rend plus fort, au-delà de la peur et de la honte.
Longue histoire
VéroniKaH avait l’impression que ses parents contrôlaient toute sa vie, et son poids était la seule chose sur laquelle elle avait de l’emprise. Pendant des années, elle alterne des phases de privation avec d’autres de boulimie, lorsqu’elle est obligée de manger (devant ses parents notamment). Le contrôle qu’elle exerce sur son corps lui permet, à l’époque, de se sentir en sécurité, à l’abri des conflits et des responsabilités, grâce à son corps de petite fille.
«C’est pas la faute de la société. L’anorexie, c’est quelque chose de personnel.» Dans son cas, la maladie n’est pas provoquée par l’envie de ressembler aux standards de beauté véhiculés par les médias, mais par le besoin de détruire son propre corps, de se faire du mal. Ce comportement est une réaction à une souffrance personnelle, qui pour l’artiste n’a rien à voir avec la société.
Il y a quelques années, après une hospitalisation dans un état très grave (elle ne pesait que 36 kilos), VéroniKaH a une prise de conscience, et décide de ne plus se laisser dominer par sa maladie. En même temps, elle redécouvre la peinture et prend une décision: après des années passées à détruire son corps et à se faire du mal, elle choisit de faire attention à sa santé. Pour cela, VéroniKaH fait régulièrement des analyses et elle est en forme. C’est important pour l’artiste désormais, car elle a des choses à accomplir.
Mais elle ne veut pas changer pour autant et se déclare à l’aise avec l’image de son corps: «Je ne veux pas être normale, je suis bien là-dedans, sinon je changerais. Je ne veux pas ressembler à une femme, et ça me va bien de ne pas avoir de formes.» Elle admet se cacher encore derrière son corps de petite fille, car cela reste une sécurité pour elle. Mais elle ne met plus sa santé en danger pour autant.
Soutien familial
Quant à son mari, il l’a acceptée et soutenue depuis le début de leur relation, il y a 28 ans. C’est lui qui l’a poussée à exercer la peinture à plein temps, ce qu’elle fait depuis quelques années maintenant. VéroniKaH aime rappeler que la peinture lui a sauvé la vie dans sa bataille contre l’anorexie. Cela l’a apaisée et lui a permis de reprendre le contrôle sur sa maladie: «Toutes mes émotions sont projetées dans mes toiles, dans ma peinture, et après je me sens déchargée. Quand ça ne va pas je peins et après je vais beaucoup mieux.» L’artiste est désormais épanouie dans sa vie et dans son travail.
Partager
VéroniKaH publie son livre pour partager son histoire et pour parler ouvertement de l’anorexie: «Je pense que ça peut aider des gens de parler de cette maladie. En plus, à travers ce livre je peux en parler aux jeunes parce que je l’ai vécu, mais je peux aussi en parler aux parents parce que je suis une mère.» Elle veut aider d’autres personnes à «apprendre à s’aimer».
Après 35 ans de maladie, elle estime être passée par toutes les phases de l’anorexie, et malgré sa non-rémission, elle pense pouvoir aider d’autres personnes dans l’acceptation et la guérison.
Bien que VéroniKaH arrive à vivre de manière épanouie malgré sa maladie, elle rappelle qu’elle est une exception. Ses médecins sont encore surpris qu’elle n’ait pas de graves problèmes de santé. Elle ne souhaite pas minimiser les dangers de l’anorexie, mais veut plutôt partager avec les autres son optimisme, en montrant que l’anorexie n’empêche pas d’aller au bout de ses rêves. Comme elle le dit: «Mon corps n’est pas guéri, mais mon cœur et ma tête le sont.»
Mireille Deyglun
La préface du livre de VéroniKaH est signée par Mireille Deyglun, comédienne et animatrice québécoise, également connue pour son engagement dans différentes causes (lutte contre l’homophobie, aide aux déficients intellectuels…).
Les deux femmes se sont rencontrées en 2012 lors d’une soirée en faveur de l’hôpital Ste-Justine où l’artiste exposait ses toiles. Mireille a souffert de boulimie par le passé, et elle s’est reconnue dans l’histoire de VéroniKaH. Lorsque celle-ci lui a demandé d’écrire la préface, elles ont passé des heures à parler avant qu’elle n’accepte. Mireille a apprécié que Ce qui ne tue pas rend plus fort rende compte du mal de vivre que l’on peut ressentir lorsque l’on souffre de troubles alimentaires.
Perdre du poids sans mettre en danger sa santé?
Il est donc déconseillé de suivre un régime basé sur la privation. Le plus important lorsque l’on veut perdre du poids est de manger équilibré, avec plaisir, et surtout sans culpabiliser. Manger trois repas complets par jour est primordial. La frustration entraînée par la privation est nocive, il faut donc manger à sa faim, sans abuser. Le plus important est de manger équilibré: varier les fruits, légumes, viandes…
Il existe, par exemple, le régime dit méditerranéen. Il consiste à séparer son assiette en trois parties: les légumes (moitié de l’assiette), la viande et ses substituts tels que le poisson ou les œufs (un quart de l’assiette), et les féculents comme le pain ou le riz (un quart de l’assiette). Il est important de rajouter à cela des fruits et des produits laitiers. On peut ainsi manger à sa faim. Et surtout, ce régime permet la perte de poids sur le long terme, sans privation, et sans danger pour la santé. Mais le plus important reste de manger avec plaisir.
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