Le lien entre l’infection à VIH et le risque réduit de sclérose en plaques (SEP) peut s’expliquer de 2 façons, selon ces scientifiques canadiens, soit par le traitement antirétroviral (TARV) soit par le syndrome de l’immunodéficience lié au virus lui-même. Cette étude, présentée dans le Journal of Neurology Neurosurgery & Psychiatry, confirme l’association mais n’identifie pas la cause.
Les chercheurs de l’Université de Colombie-Britannique à Vancouver montrent ici une association entre l’infection à VIH et un risque significativement plus faible de développer la sclérose en plaques (SEP). Si la relation de causeeffet venait à être confirmée, les implications seraient alors considérables pour le traitement de la SEP. Ils rappellent le cas d’un homme séropositif atteint de SEP et dont les symptômes de SEP ont disparu depuis plus de 12 ans après traitement antirétroviral pour son infection à VIH. L’hypothèse que les médicaments antirétroviraux pourraient traiter ou ralentir la progression de la SEP est donc à étudier.
Cette étude qui a porté sur 21.000 patients hospitalisés entre 1999 et 2011 en Angleterre en regard de 5,3 millions de personnes hospitalisées pour raisons « mineures » (témoins), a regardé l’incidence de la SEP chez l’ensemble des participants sur une durée de 7 ans.
· Les patients vivant avec le VIH montrent un risque réduit de 62% de développement de la SEP,
- cela représente 7 diagnostics effectifs sur les 7 ans chez ces 21.000 patients, au lieu des 18 « normalement » attendus, sur la base de l’incidence de la SEP en population générale.
· Le degré de protection conféré par le VIH semble s’accroître au fil du temps, l’incidence de la SEP faiblissant avec le nombre d’années écoulées depuis le diagnostic du VIH :
- Lorsque les 2 diagnostics interviennent à 1 an au moins d’écart, les patients séropositifs voient leur risque de SEP réduit jusqu’à 75% vs incidence moyenne. Cela représente, sur l’échantillon considéré, 4 diagnostics vs 16 attendus.
- Lorsque les 2 diagnostics interviennent à 5 ans au moins d’écart, ce taux de réduction du risque atteint 85%.
L’étude observationnelle, ne permet pas de connaître l’incidence du TARV sur le risque de SEP. Il reste donc à mener d’autres études pour valider soit l’effet protecteur du VIH et / ou de son traitement. Si cet effet était confirmé, il est clair que les implications seraient majeures. En particulier si le traitement est protecteur.
Source: The Journal of Neurology Neurosurgery and Psychiatry
· 4 August 2014 doi 10.1136/jnnp-2014-307932HIV and lower risk of multiple sclerosis: beginning to unravel a mystery using a record-linked database study
· 4 August 2014 doi10.1136/jnnp-2014-308297 (Editorial) Does antiretroviral therapy for HIV reduce the risk of developing multiple sclerosis? (Visuel NIH)
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