La voiture a disparu derrière la haie tandis que nous agitions nos mains, et j’ai refermé la porte de la maison et contemplé le vide. Esquissé un pas de danse. Que ce fut bon de retrouver le calme. Devant nous l’étendue des possibles quand on n’a plus que deux enfants au lieu de quatre, le temps d’une semaine.
Que ce fut étrange ce premier repas, trois assiettes seulement, une seule conversation au lieu de quatre qui se croisent bruyamment au milieu des verres d’eau renversés et du rab de pâtes maman s’il te plaît.
Que ce fut doux ces câlins du soir sans devoir se partager. Que ce fut simple de partir sur un coup de tête manger des tomates cerises avec quelqu’un de chouette ♥, rentrer trop tard et ce n’était même pas grave.
Que ce fut émouvant d’entendre leurs voix joyeuses au téléphone, heureux loin de nous, heureux sans nous, la semaine multisports (le trampoline le judo le bowling l’escalade la piscine la journée à vélo le grand jeu en forêt le saut en « parachute » du toit du gymnase ça fait même pas peur et c’est trop trop bien ici maman), les cousins, les cousines, les quatre cents coups, les nuits à faire les fous dormir c’est pas pour nous.
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Que ce fut bon d’entendre son cri suivant mon coup de sonnette, que ce fut doux de la retrouver, peau hâlée et cheveux en bataille, boule chaude se pendant soudain à mon cou. Que ce fut drôle de le voir arriver, l’air de ne pas y toucher, grandi, les genoux noirs d’un jeu mystérieux entre camps ennemis répartis dans les jardins de la ruelle, m’embrasser quand même, avant de filer à nouveau défendre son poste en haut de la cabane construite par son oncle – et ne réapparaître qu’à l’odeur des crêpes.
Que ce fut dur de sonner la fin de la récré, de les convaincre de monter dans la voiture, les vacances étaient finies, il fallait rentrer. Pendant deux heures, leurs récits croisés, temps de parole mesurés et répartis équitablement, ont rythmé les kilomètres de bitume, avant que soudain le silence quand le sommeil les prit tous les deux.
Que ce fut beau au petit matin de regarder les retrouvailles de la fratrie, les yeux encore gonflés de sommeil, les cris de joie, les câlins qui débordent à nouveau des bras, les jeux, les petits et les grands, ensemble.
Que ce fut émouvant de les voir à nouveau reprendre leur place, comme si rien n’avait changé, et pourtant, plus riches d’avoir vécu sept jours intensément sept jours uniques et construit des souvenirs bien à eux.
Que ce fut évident que nous ne sommes vraiment au complet que quand toutes les chambres de la maison sont pleines, tous les lits occupés, toutes les conversations emmêlées.