Un film de Barry Levinson (2013 - USA) avec Kristen Connolly, Frank Deal, Christopher Denham, Nansi Aluka
Excellent !
L'histoire : Une jeune femme est filmée ; elle va raconter la catastrophe que sa petite ville a vécu quelques années auparavant, une catastrophe qui a soigneusement été cachée au reste du pays, semble-t-il. Avec une équipe d'autres empêcheurs de tourner en rond, elle a récupéré toutes sortes de petits films amateurs, grâce aux portables, caméras de surveillance, webcams et caméscopes divers abandonnés par des victimes, qui n'ont heureusement pas été retrouvés et ramassés par les autorités, et compte bien la diffuser sur le net. C'était un 4 juillet, fête nationale des Etats-Unis, et tous les gens de la petite ville de Claridge, New Jersey, se réunissait autour des diverses attractions prévues pour célébrer l'événement. Et puis soudainement, des gens ont poussé des cris : leur peau se couvrait de pustules, ils vomissaient du sang, et rapidement les hôpitaux de la ville se sont trouvés saturés. Aucun rapport, semble-t-il, avec ces deux océanographes dont on avait retrouvé les corps, dévoré par les requins. Les requins, vraiment ? Les scientifiques se mirent à essayer de comprendre, mollement... tandis que les politiques tentaient de limiter la panique des habitants, pour ne pas effrayer les touristes et les investisseurs.
Mon avis : Barry Levinson passe au cinéma 2.0 ! Plutôt réjouissant pour un monsieur de 72 ans. Il nous avait habitués à un bon cinéma, classique dans sa forme, efficace dans ses objectifs, composé principalement de thrillers, d'analyses sociétales... avec, à ma connaissance, seulement une petite incursion dans le fantastique (Sphere). Ici, il se livre à l'anticipation et la terreur, le tout filmé en mode found footage ! Ca m'a étonnée... et réjouie ! Car c'est parfaitement mené et j'ai vraiment beaucoup aimé.
Si le fort de l'histoire n'est pas très original (grosses bébêtes mutantes peu ragoûtantes), le fond est terrifiant puisqu'il s'agit de pollution et d'environnement. Si les nourritures des vaches les ont rendu folles il n'y a pas si longtemps, on peut malheureusement tout à fait croire en cette histoire de micro-organismes nés des toxines, biologiques et chimiques, rejetées dans la mer. Ca fait peur ! Le film est composé de tas de petits reportages, filmés par des amateurs au moment des faits. Judicieusement placés les uns après les autres, avec comme fil rouge le témoignage d'une jeune étudiante reporter qui a elle-même vécu la catastrophe, le found footage (caméra à la main, plans pourris, maladresses diverses) donne un ton super réaliste et franchement captivant. J'ai adoré !
A la fin du film, je me suis exclamée : "Bon, ben voilà ce qui nous attend..."
Brrr... Ma doue benniguet, on n'est pas sorti de l'auberge.
Le film s'appelle The Bay car l'histoire se passe dans la magnifique baie de Cheasapeake, sur la côte est des States. Une baie qui est REELLEMENT déclarée "zone morte" à cause des polluants... A noter par la même occasion que la vilaine bébête existe bel et bien, mais ne s'attaque pour l'instant qu'aux poissons... Barry Levinson, scandalisé par un reportage édifiant sur l'état de la baie, et l'incurie des politiques, a décidé d'en faire un film d'horreur pour tenter de marquer les esprits.
La presse a bien aimé : "Ce plat délicieux à savourer, fourmilliant de chocs et révélations, signale le retour en forme d'une réalisateur injustement oublié." (Positif) ; "[Le] septuagénaire débonnaire [Barry Levinson] n’a rien à envier aux gamins quand il s’agit de faire peur au spectateur ."(20 Minutes) ; "Quinze ans après le mésestimé "Sphère", Barry Levinson revient au cinéma de genre et frappe très juste avec un found footage implacable, vrai film de terreur." (Ecran Large) ; "Barry Levinson s'essaie, avec un succès inattendu, au found footage. Construit comme une solide enquête journalistique, "The Bay" est un film catastrophe épuré et anxiogène." (Les Fiches du Cinéma) ; même Télérama a aimé : "Mission remplie avec brio par le vétéran Barry Levinson, qu'on n'attendait pas vraiment dans un tel registre."
Curieusement, le public n'a pas suivi : il y a ceux qui aimaient Barry Levinson et n'ont pas apprécié cette incursion horrifique moderne ; d'autres qui au contraire s'attendaient à un truc bien gore (pourtant on a du sang et des plaies !) et ont été déçus ; le film n'a fait que 80.000 entrées en France. Bizarre. Mais bon chacun son truc.