"Libres!!" du collectif La Main Invisible 1/7: Points de vue de Libéraux

Publié le 04 août 2014 par Francisrichard @francisrichard

Il y a deux ans paraissait Libres!. C'était un événement éditorial sans précédent.

A l'initiative de Stéphane Geyres et d'Ulrich Genisson, une centaine de libéraux, de toutes conditions sociales et de tous âges, avaient pris leur plus belle plume pour parler de Liberté.

A l'époque je n'étais que supporter officiel de cette initiative, parmi une centaine. Cette fois, Stéphane Geyres et Nicolas Prin ont bien voulu m'admettre parmi les 100 auteurs (en réalité 101) qui ont contribué à Libres!!, opus n°2, et me permettre donc d'apporter ma modeste pierre à l'édifice.

A l'époque, pour présenter l'opus n°1, j'avais consacré six articles, correspondant chacun à une de ses parties. Comme, cette fois, il y en a sept, ce seront donc sept articles que je lui consacrerai.

Stéphane Geyres, dans son introduction à Libres!!, souligne que, si l'opus n°1 parlait surtout des principes de la liberté, l'opus n°2 parle de "la liberté en pratique". Et que l'empreinte y est nettement plus libérale que dans l'opus précédent, c'est-à-dire plus radicale...

En lisant la première partie, 11 contributions, j'ai déjà pu vérifier que "la grande liberté laissée aux auteurs, dans la construction de leur contribution", révélait "la vaste diversité qui animent le courant libéral et la richesse de la pensée libérale", comme il est dit dans l'avertissement.

Cette diversité ne doit pas faire oublier que "ce qui nous sépare est moins consistant que ce qui réunit l'ensemble des courants, pour qui la liberté est au sommet de la hiérarchie des préférences", dit fort justement Serge Schweitzer dans sa préface.

Comme une abeille, je vais donc m'efforcer de butiner tous ces textes divers et variés pour en faire mon miel.

POINTS DE VUES DE LIBERAUX

"Nous commençons par une série de Points de Vues de Libéraux où divers sujets à la limite des théories libérales, ou de simples témoignages, permettent de nous éveiller doucement et d'entrer dans le sujet. (Introduction de Stéphane Geyres).

Quelques sujets d'actualité permettent effectivement de s'éveiller doucement à la liberté en pratique.

Emmanuel Martin rappelle que le Printemps arabe est né de la révolte d'un petit entrepreneur, Mohamed Bouazizi, qui s'immole à Sidi Bouzid le 17 décembre 2010:

"Son geste de désespoir  et de révolte est motivé non par une demande de droits politiques ou démocratiques, mais avant tout par une revendication de son droit à faire des affaires et être en mesure de subvenir aux besoins de sa famille." (Le Printemps arabe et la liberté individuelle)

Francis Richard, lui-même exilé français devenu suisse, expose que l'une des causes principales de départ en exil est le climat égalitariste qui règne en France:

"La réussite est vue d'un sale oeil en France, gagner de l'argent est une honte et, justement, un bon patron est celui qui n'en gagne pas..." (Les Français exilés)

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Vianney de la Fortelle explique que les étatistes, en voulant bâtir "une société métissée, sans passé et partageant la même idéologie altermondialiste et progressiste" fausse l'intégration traditionnelle, qui pourrait être définie en ces termes:

"Chacun vit comme il veut dans sa propriété privée. Par contre, ce qui se passe à l'extérieur de chez soi doit s'inscrire dans les modes de vie existants, les coutumes et culture locales." (L'islamisation)

Christophe Chalvignac , pour qui "la laïcité est et demeure un des facteurs principaux de la liberté de conscience", est sur la même longeur d'onde:

"La religion doit rester du domaine privé, comme la sexualité, le secret médical." (Religion et laïcité)

Pour Jacques Gautron, la liberté eut été préférable à la laïcité pour que la pratique des religions reste dans le domaine privé:

"La laïcité est devenue "la religion d'Etat". Une religion contre toutes les autres. Vous êtes libre de pratiquer votre religion à condition de ne pas la montrer." (Extrémisme de la laïcité)

Christiane Chavane dénonce le "système absurde, parasitaire et ruineux" qui réglemente les indépendants en France et auquel il est tenté de remédier en créant des palliatifs et en multipliant les statuts:

"Si nous ne nous mettons pas très vite au diapason de nos voisins, les freelances français vont disparaître, remplacés en France même, par leurs collègues britanniques et espagnols qui coûtent moins pour gagner plus." (Le statut de freelance)

Se soigner n'est pas une mince affaire, d'autant que sont aux prises quatre acteurs: l'Etat, le malade, le soignant et l'industrie pharmaceutique. Les scandales du Mediator, du sang contaminé et de la vaccination contre le virus H1N1, ont montré que c'est encore l'Etat, par ses interventions, qui envenime les choses. Alain Crémades prescrit un remède:

"Il convient de libéraliser purement et simplement le marché du médicament, ce qui pousse à une automédication totale, libre et également responsable. Responsable parce que les individus prennent alors pleine conscience des enjeux, des limites de chacun des acteurs de cette partie à quatre." (L'automédication)

Raphaël Champeimont qui est "passé de communiste à socialiste, puis de libéral modéré à libertarien", raconte:

"Les raisons de mon évolution peuvent être regroupées en trois catégories: la découverte de la philosophie libérale, la découverte de la science économique et enfin mon expérience en tant que conseiller municipal dans une petite commune." (Témoignage d'un ex-communiste)

Gérard Foucher a découvert que "la monnaie, indispensable pour acquérir toute richesse, n'est pas d'un accès identique pour tous":

"Les émetteurs de monnaie se sont constitués en cartels impossibles à pénétrer, voire même à réformer. Ils en manipulent la valeur, nous la louent, en changent à volonté les règles, en émettent à profusion pour eux-mêmes, endettant à l'avance ceux qui payeront sans le savoir les voleurs d'aujourd'hui." (Découvrir la monnaie)

Mikaël Mugneret distingue deux sortes de pro-"liberté": les socialistes libertaires ou "soc-lib", économiquement égalitaires et moralement libéraux, et les libéraux conservateurs ou "li-con", politiquement libéraux mais pas culturellement. Le libéralisme, pour lui, devrait, pour bien faire, se situer au centre gauche de l'échiquier politique:

"Le libéralisme est au centre en économie et à gauche en morale. D'où l'intérêt de se rapprocher des "soc-lib". Il s'agit simplement de les convertir à la justice et aux bienfaits du marché libre." (Expérience d'un anarchisme grand angle)

Le propos de Grégory Boldyski est de déjouer la jalousie cachée des étatistes, en soulignant les incohérences des arguments utilisés qui tentent de la dissimuler, tels que la solidarité, qui est une forme de générosité et qui n'existe tout simplement pas s'il y a contrainte, par l'impôt par exemple:

"Certaines personnes revendiquent tout de même leur générosité en prétextant une disposition volontaire à payer leur impôt. Je n'ai, pour autant, jamais rencontré une seule de ces personnes déclarer, ne serait-ce qu'un seul euro supplémentaire sur son avis d'imposition."

Francis Richard

Libres!!, collectif sous la direction de Stéphane Geyres et de Nicolas Prin, 292 pages, La Main Invisible