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Gazole pêche. La solution n’est pas la subvention

Publié le 20 mai 2008 par Mcabon

Les marins-pêcheurs sont en colère. Alors que ce mercredi (21 mai), le gouvernement devrait annoncer un énième plan de sauvetage de la filière, celle-ci lance un coup de semonce quant à son avenir. Plusieurs éléments sont à porter au crédit de cette révolte.

- Le premier d’entre eux est la mentalité des pêcheurs eux-mêmes. Difficile de trouver peuple plus travailleur que celui-ci, à part peut-être dans les mines mais les houillères ne sont plus et leur souvenir est relégué aux musées. Les valeurs de la pêche ne conjugue en rien avec celle de l’assistanat. Aujourd'hui le monde de la pêche a la nette impression d'être sacrifiée sous l'autel de la réglementation européenne au profit de l'agriculture.

· Le second est que les pêcheurs souffrent d'être en amont d'une filière qui peine à valoriser sa production. 85% de la consommation française de poissons provient d'importations. Difficile dans ces conditions de peser sur le marché et d'imposer une valorisation de bonnes pratiques environnementales. L'ensemble des intermédiaires (criées, mareyeurs, transporteurs, distributeurs) qui interviennent sur la filière laissent peu de place aux marges de manœuvre de ce point de vue.

· Enfin, le système de rémunération de la pêche, la part, rend encore plus dépendant les salariés du secteur vis à vis des retournements de conjoncture. Les recettes et les dépenses sont partagées entre les armateurs et les marins. Si bien, que ces dernière semaines, certains marins-pêcheurs se sont retrouvés avec des feuilles négatives !

Bloquer pour débloquer

Reste que ce conflit a un arrière-goût de déjà vu. Le gazole a commencé son envolée il y a un peu plus de deux ans. Et déjà les pêcheurs réclamaient à corps et à cris une intervention de l'Etat pour compenser cette augmentation du prix du baril. L'absence de fiscalité sur le gazole pêche représente déjà un manque à gagner pour l'Etat de l'ordre de 250 millions d'euros par an. Pourquoi cette profession devrait-elle être soutenue quand tant d'autres, dans le même temps, souffrent de cette augmentation relative du prix du baril ?

De plus, les efforts déployés par la filière pour diminuer les charges de carburant ne sont hélas qu'à leurs balbutiements. Plusieurs techniques ont vu le jour ces dernières années comme l'utilisation de voiles en sus des moteurs pour propulser le navire (cela est en test sur des chalutiers avec l'entreprise Avel Vor Technologies ou bien sur des cargos plus imposants). Gain estimé : 25% de consommation. De même, l'optimisation des trajets et de la chasse au poisson pourrait permettre des économies substantielles. Enfin, l'usage d'énergies renouvelables pour les besoins du bord, montées des chaluts, l'alimentation des instruments de navigation constituent elles aussi une source d'économies possibles. Enfin, la méthode du blocage systématique des centres névralgiques des approvisionnements pétroliers relèvent de méthodes d'un autre temps mais qui hélas, on le verra à l'annonce du plan Barnier, montre qu'en France c'est dans la rue que les conflits et les incertitudes conjoncturelles trouvent leurs solutions. Rendez-vous dans deux ans.


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