Ce n'est encore, pour l'instant, qu'un effort de réflexion qui s'engage, timidement, mais il ne fait pas de doute que l'intention est de le pousser au maximum, d'autant plus que l'entreprise a, de longue date, des griefs contre l'establishment de la finance… Il se matérialise donc aujourd'hui par un espace wiki, sur lequel sont présentées les questions essentielles à aborder, ainsi que les initiatives en cours dans le domaine, et où les internautes sont invités à participer aux échanges autour du sujet.
Le projet n'est pas le fruit des élucubrations d'un illuminé. Au contraire, il tente d'ouvrir le débat dans une approche très pragmatique et constructive. Ainsi, dès l'introduction, il est établi que, afin de limiter les risques d'opposition réglementaire, les principes de la « cryptobourse » P2P (de pair à pair) devraient, au moins dans un premier temps, rester aussi proches que possibles des mécanismes existants sur les bourses traditionnelles. Ce qui soulève déjà suffisamment de points sensibles à adresser…
Comment peuvent être émis et échangés ces « cryptotitres », comment prendre en charge les exigences d'information, les participations aux votes, comment maîtriser les risques associés…? Ce ne sont là que quelques-unes des questions soulevées, aux ramifications insoupçonnées. Par exemple, la nature même de la technologie bitcoin nie le besoin d'une plate-forme centralisant les transactions, or la SEC américaine impose que les traders soient enregistrés auprès d'une bourse, à fins de contrôle.
Comme dans tous les secteurs dans lesquels une position d'intermédiaire était incontournable jusqu'à récemment (les paiements en étant un autre), les marchés boursiers sont éminemment vulnérables à la menace des technologies P2P. Naturellement, les régulateurs devront intervenir afin de limiter les dangers et éviter les excès qui accompagneront le changement, au risque de nuire à l'innovation. Pourtant, de toute évidence, la révolution numérique finira aussi par emporter ces activités dont l'efficacité laisse de plus en plus à désirer…