Ce mercredi 6 août, sort sur les ( rares) écrans, et notamment dans ce cher Cinéma Comoedia, décidement jamais décevant dans sa programmation, "Ana Arabia", le nouveau film- tourné en un seul long plan séquence, du cinéaste Amos Gitaï, un des cinéastes israéliens que je préfère, très important et dont je suis la carrière depuis pas mal de temps même si parfois, je le déplore un peu, il a tendance à privilégier le conceptuel sur l'émotion et la narration. Cela étant, il faut reconnaitre qu'entre fiction et documentaire, entre objectivité et subjectivité, entre personnel et universel, ses films ont tous pour point commun de raconter son pays, Israël. S'il refuse de se faire porte-parole ou même donneur de leçons, il se place volontiers en observateur de l'histoire, dénonçant pêle-mêle la montée des fascismes et le communautarisme sous toutes ses formes.
Après quarante ans de carrière et quatre-vingt films, Amos Gitaï avait en ce début d'année une rétrospective à la Cinémathèque française, que je n'ai pas pu voir mais dont j'ai eu la chance de lire le catalogue de l'exposition, parue chez Gallimard en mars dernier.
Il faut savoir que, fait exceptionnel pour un cinéaste encore en activité, Amos Gitai a fait don, en 2007, de ses archives à la Cinémathèque française, une filmographie de près de 80 titres où alternent documentaires et fictions (Wadi, Berlin Jérusalem, Kadosh, Kippour, et le dernier en date donc, Ana Arabia…).
Un fonds riche et complexe, constitué de manuscrits, de scénarios, de photographies, de dessins, de rushes, de correspondances, qui nous place au cœur du travail d’élaboration de chaque film et met au jour les lignes de force qui parcourent toute l’œuvre. Cette traversée de la filmographie d’Amos Gitai est une remontée aux sources de son histoire personnelle, de celle d’Israël et des lieux où il a tourné, et rend compte d’un art poétique qui lie intimement la mémoire à la caméra.
En marge de l’exposition qui lui est consacrée, Amos Gitai a conçu cet ouvrage collectif fait d’entretiens avec ceux qui ont accompagné son travail, et de textes critiques qui ont ici valeur de manifeste. Un ouvrage parfois complexe, assurément érudit, mais riche, intelligent et souvent vraiment passionnant à conseiller à tous les fans de ce cinéaste incontournable du 7ème art israélien. Parallèlement à cette exposition de la Cinémathèque Française, ÉPICENTRE FILMS propose "Architectures en Israël / Conversations avec Amos Gitai", une série de 16 films où le cinéaste rencontre tour à tour architectes, sociologues, archéologues, chercheurs, écrivains, théologiens, et converse avec eux sur des thématiques architecturales, à partir de l’histoire et de l’actualité de la Palestine et d’Israël. Dans le prolongement de son œuvre cinématographique, le célèbre cinéaste israélien Amos Gitai retourne à son premier amour : l’architecture. Fils de l’architecte Munio Weinraub, formé au Bauhaus, Amos Gitai est lui-même architecte de formation, titulaire d’un doctorat de l’Université de Berkeley. Dans chacun des 16 films de 23 mn qui composent la série Architectures en Israël / Conversations avec Amos Gitai, le cinéaste rencontre tour à tour architectes, sociologues, archéologues, chercheurs, écrivains, théologiens, et converse avec eux sur des thématiques architecturales et urbanistiques, à partir de l’histoire et de l’actualité de la Palestine et d’Israël – période ottomane, mandat britannique, habitat bédouin, architecture éclectique, brutaliste, moderne, extensions contemporaines, … Chaque épisode s’enrichit de matériaux d’archives – photos, plans, dessins d’architecture, … – qui illustrent de façon vivante et concrète la teneur de ces passionnantes conversations, et donnent aux propos tenus par les uns et les autres une dimension universelle. Comme l'ouvrage issu de l'explosition, un DVD parfois un peu difficile d'accès, mais vraiment captivant et stimulant intellectuellement sur un artiste protéiforme et à la carrière assez incroyable