genre: fantastique, thriller
année: 2004
durée: 1h50
l'histoire: Une petite communauté isolée vit dans la terrifiante certitude qu'une race de créatures mythiques peuple les bois entourant le village. Cette force maléfique est si menaçante que personne n'ose s'aventurer au-delà des dernières maisons, et encore moins pénétrer dans les bois... Le jeune Lucius Hunt, un garçon entêté, est cependant bien décidé à aller voir ce qui se cache par-delà des limites du village, et son audace menace de changer à jamais l'avenir de tous.
la critique d'Alice In Oliver:
Inutile de présenter M. Night Shyamalan, qui est sans aucun doute le meilleur réalisateur de tous les temps. Tout du moins, le cinéaste, peu modeste, se présente presque de cette façon. En effet, M. Night Shyamalan peut s'appuyer sur deux films qui auront marqué (ou non) les esprits, à savoir Sixième Sens et Incassable. Mais depuis, c'est le désert ou presque même si Shyamalan a sorti de nombreux films, entre autres, Signes, La Jeune Fille de l'Eau et dernièrement After Earth, soit autant de navets et/ou de ratés artistiques. Visiblement, le réalisateur n'est plus que l'ombre de lui-même.
Peut-on parler de cinéaste très surestimé ? Indéniablement. Preuve en est avec Le Village, sorti en 2004. Au niveau de la distribution, le film réunit Bryce Dallas Howard, Joaquin Phoenix, Sigourney Weaver, William Hurt, Adrien Brody, Brendan Gleeson, Cherry Jones et Celia Weston.
A l'origine, le film devait s'intituler The Woods mais le titre fut changé à cause de la sortie d'un film de titre identique. Pour les besoins du film, un village sera entièrement construit dans un trou perdu de Pennsylvanie. Pour l'anecdote, une première version du script ayant été volée et mise sur Internet un an avant la sortie en salles, le twist final dut être modifié.
L'apparence de "Ceux Dont On Ne Parle Pas" fut modifiée au cours du tournage. À l'origine les déguisements devaient être de forme animale, rappelant certaine coutumes guerrières Amérindiennes. L'idée fut finalement abandonnée pour des raisons esthétiques et la production opta pour des créatures portant de longs manteaux rouges, qui devint la "mauvaise couleur" dans le film.
Au moment de sa sortie, Le Village connaîtra un certain succès dans les salles obscures et fera à nouveau la polémique. En gros, il y a ceux qui ne jurent que par le cinéma de M. Night Shyamalan et parlent d'un nouveau chef d'oeuvre, et ceux qui évoquent une belle fumisterie.
J'appartiens clairement à la seconde catégorie. Aussi est-il nécessaire de rappeler les grandes lignes du scénario. Attention, SPOILERS ! Une petite communauté isolée et auto-suffisante vit dans la terrifiante certitude que des créatures dangereuses peuplent les bois entourant son village : "Ceux dont on ne parle pas". Cette force maléfique est si menaçante que personne n'ose s'aventurer au-delà des dernières maisons, et encore moins pénétrer dans les bois, qui marquent la frontière entre le territoire des villageois et celui des créatures ; qu'un accord tacite de non-violation des frontières lie.
Afin d'éviter tout contact avec les créatures, la couleur rouge est bannie du village car elle est censée attirer les créatures, tandis que le Jaune qui protège les villageois de ces dernières est omniprésent.
Malgré la décision prise par les anciens du village de ne jamais retourner dans les grandes villes, le jeune Lucius Hunt, un garçon réservé mais déterminé, forme le projet de s'y rendre pour en ramener des médicaments. Mais quand son ami Noah, un jeune autiste, tente de l'assassiner, c'est à Ivy Walker, une jeune femme aveugle éperdument amoureuse de Lucius avec qui elle devait se marier, que revient cette mission dangereuse : chercher les remèdes nécessaires pour le soigner en traversant les bois interdits. Mais elle est bien loin de se douter de ce qui l'attend hors de ces bois.
Certes, présenté comme cela, le scénario a l'air passionnant. D'ailleurs, sur le fond, le scénario du Village possède un vrai potentiel.
Le film se focalise donc sur une communauté utopiste, qui n'est pas sans rappeler les Amish, en l'occurrence une vraie communauté (ou plutôt une secte) qui a fui notre monde moderne, vit humblement à l'écart et a bâti tout un ensemble de concepts et de mythes visant à une sorte d'aveuglément général. En ce sens, le fait que l'héroïne du film, Ivy Walker, soit aveugle, n'a rien du hasard.
Finalement, Le Village pourrait s'apparenter à une allégorie de l'aveuglément général de notre propre société. Seul souci, la formule ne fonctionne pas. Certes, M. Night Shyamalan tente bien de nous égarer dans le registre du fantastique via des créatures étranges.
Pourtant, on devine très vite ce qui se trame derrière cette histoire de communauté sectaire. De ce fait, impossible de ne pas voir à plusieurs kilomètres le twist qui va s'opérer. Au mieux, Le Village se suit avec un ennui poli, tout du moins, durant sa première demie heure.
Très vite, Shyamalan joue à nouveau le registre du fantastique à travers le périple (sans intérêt) d'Evy dans la forêt. Oui, finalement, les créatures existent réellement. Enfin, c'est ce qu'essaie maladroitement de nous faire croire l'ami Shyamalan. En vain. Et finalement, cette séquence dans les bois résume parfaitement le film, à savoir une succession de procédés qui visent à tromper le spectateur en multipliant les fausses pistes. Seul problème: on connaît déjà la fin après 45 petites minutes de bobine. En vérité, Le Village n'est pas un film fantastique, ni un thriller comme certaines critiques ont pu le dire. Il s'agit avant tout d'un drame sur notre monde moderne, perdu dans son individualisme, ses précepts, ses mythes infondés et son propre aveuglément.
Finalement, M. Night Shyamalan passe totalement à côté de son sujet et réalise un petit navet. Certes, ce n'est pas la plus grosse bouserie du réalisateur. Il fera encore pire par la suite...
note: 05/20
note naveteuse: 13/20